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AB — 12 - AB

diseurs de bons mots à Évreux et à Rouen. (Voy. Du Tilliot, ubi suprà, p. 89 et suiv.)

Remarquons enfin les expressions suivantes, dans lesquelles le nom d' Abbé est encore employé abusivement :

1° On appeloit Jeu de l'Abbé, une sorte de jeu où il faut imiter celui qui passe devant les autres, en tout ce qu'il fait. (Oudin, Curios. Fr.)

2° On a dit proverbialement Pas d'Abbé, pour allure grave. (Cotgr. Dict.)

Table d'Abbé pour table somptueuse. (Rab. T. V, p. 124.)

Face d'Abbé pour visage rubicond, bouffi d'embonpoint. (Voy. Bourgoing, de Orig. Voc. Vulg. fol. 8. et 9.)

VARIANTES :

ABÉ. Anc. Poët. Fr. MSS. avant 1300, Tom. IV, p. 1327.

ABBAT. Du Cange, Gloss. lat. au mot Abbas laïcus.

ABBÉ. Orth. subsist.

ABBEI. Du Chesne, Gén. de Guines. Pr. p. 291, tit. de 1266.

ABBÉS. Labbe, Gloss. p. 485. St Bern. Serm. fr. MSS. p. 314.

ABEI. Du Chesne, Gén. de Guines, Pr. p. 284, tit. de 1241.

ABET. Du Chesne, Gén. de Berth. Pr. p. 162. tit. de 1267.



Abécédaire, adj. Alphabétique. Élémentaire. Qui en est aux élémens.

Le premier sens, qui est le sens propre, subsiste encore. On dit " l'ordre Abécédaire " pour l'ordre alphabétique. (Nat. d'amour, fol. 258, R°.)

Par une extension de cette acception, et prenant l'A B C, élémens des lettres, pour les élémens de toutes connoissances, on a dit abécédaire pour élémentaire, en parlant des choses. On lit en ce sens dans Montaigne " il y a ignorance abécédaire qui vaut la science. " (Essais, T. I, p. 530.)

De là ce mot, appliqué aux personnes, a signifié " qui n'en est qu'aux élémens. " Le même Montaigne a dit : " La sotte chose qu'un vieillard abécédaire ; " c'est-à-dire qu'un vieillard ignorant, qui n'en est qu'aux premiers éléments des lettres. (Ibid. T. II, p. 762.)



Abeesse, subst. fem. Abbesse.

Nous ne citerons pas de passage pour justifier le sens propre de ce mot qui subsiste avec une légère altération d'orthographe ; mais nous rapporterons l'expression proverbiale d'abbesse de Lens, formée par l'équivoque de Lens, avec lenteur, et qui a été employée pour désigner une personne lente. Ces sortes d'équivoques et d'allusions de mots, sont assez fréquentes dans nos anciens Auteurs.

Qui ne peut bien son service employer,

A Lens si voist mieus querre l'abeesse.

Anc. Poës. Fr. MS. du Vat. n° 1490, fol. 171, R°.

VARIANTES :

ABEESSE. Anc. Poës. Fr. MS. du Vatic, n° 1490, fol. 171, R°.

ABAESSE. Fabl. MS. du R. n° 7615, T. II, fol. 147, R° col. 1.

ABBAIASSE. Gloss. sur les Cout. de Beauvoisis.

ABBAISSE. Apol. pour Hérod. p. 344.

ABESE. Du Chesne, M. de Guines, Pr. p. 286, tit. de 1244.



Abeie, subst. fem. Abbaye. Couvent.

Dans la première acception, ce mot subsiste avec l'orthographe abbaye, qui se trouve déjà dans Eust. des Ch. Poës. MSS. fol. 237, col. 2, etc.

Par extension l'on a dit Abbaye pour Couvent en général, Maison de Religieux ; ainsi qualifioit-on la maison des Cordeliers à Alexandrie en 1513. " Ledit adventureux alla loger en une Abbaye de Cordeliers, etc. " (Mém. de Rob. de la Marck, Seigneur de Fleuranges, MS. p. 167.)

Le mot Abbaye, employé figurément, a produit les expressions suivantes :

1° Etre de l'abeie de quelqu'un, pour avoir le même sort, partager la même fortune, proprement : être du même Ordre.

Fox est qui en vos se fie ;

Vous estes de l'abeie

As souffraitous .

Anc. Poët. Fr. MSS. avant 1300, T. III, p. 981.

2° On disoit proverbialement :

Tout vendra en nostre Abbaye.

Eust. des Ch. Poës. MSS. fol. 237, col. 2.

C'est-à-dire : je m'emparerai de tout.

3° Cuir d'abeie, pour désigner un cuir doux et bien passé. " Le Faucon doit avoir un chapperon de bon cuir d'abeie bien fait et bien enfourmé. " (Modus et Racio, MS. fol. 110, V°.) On lit cuir d'abere dans l'imprimé, fol. 59, V°, mais c'est visiblement une faute, pour cuir d'abeie. Elle se trouve rectifiée par le MS.

4° De là, sollers d'abbaye, pour souliers faits de cuir d'abeie.

De bons harnois, de bons chauçons velus

D'escasillons , de sollers d'abbaye.

Eust. des Ch. Poës. MSS. fol. 234, col. 4.

5° On appelle à Toulouse la grande Abbaye, le lieu public des filles de débauche. (Extr. de l'Hist. de Languedoc, par D. Vaissette. - Journ. des Sav. Mars 1746, p. 527.)

6° L'abbaye de monte à regret. Expression qu'on trouve dans Oudin (Curiosités fr.) pour désigner la potence.

VARIANTES :

ABEIE. Anc. Poët. Fr. MSS. avant 1300, T. I, p. 334.

ABBAYE. Orthogr. subsist.

ABBEIE. Loix Norm. art. 1, dans le Lat. Abbatia, sive Ecclesia. Religionis.

ABEYE. Modus et Racio. MS. fol. 110. V°.

ABIE. Roman du Brut. MS. fol. 103, R° col. 1.

Abeillage, subst. masc. Droit Seigneurial.

Laurière le définit " un droit en vertu duquel les abeilles épaves et non poursuivies, appartiennent aux Seigneurs Justiciers. " (Gloss. du Dr. Fr. au mot Abeillage. - Voy. AURILLAGE ci-après.)

VARIANTES :

ABEILLAGE. Du Cange. Closs. Lat. au mot Abollagium.

ABOILAGE. Ménage et Borel, Dict.

ABOILLAGE. Du Cange, Gloss. Lat. au mot Abollagium.

ABOLLAGE. La Thaumass. Cout. de Berry, p. 455, note.

(1) aille. — (2) gueux, pauvres. — (3) espèce de chaussure.