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n° 7837, fol. 75.) On s’est servi absolument du verbe aouvrer, lorsqu’en parlant d’une personne qui faisoit des oeuvres de charité et agissoit avec les pauvres d’une façon pleine de douceur, on a dit qu’elle aouvroit doucement vers les pauvres.

Ly pauvres ne pouvoient nulz confort recouvrer,
Vers cui elle souloit si doucement aovrer.

Ger. de Roussillon, MS. p. 192.

On lit ovrer. (Ibid. Var. du MS. de la Cathéd. de Sens. - Voy. OUVRER ci-après.)

VARIANTES :

AOUVRER. Psautier, MS. du R. n° 7837, fol. 75, V° col. 2.

AOEVRER. Fabl. MS. du R. n° 7218, fol. 213, V° col. 2.

AOVRER. Ger. de Roussillon, MS. p. 192.

Aouvrir, verbe. Ouvrir, découvrir, faire voir, dévoiler, révéler, expliquer, éclaicir, faire savoir. Le verbe aouvrir, aovrir, qui paroit être une contraction du composé adovrir, en latin adaperire, n’est vraisemblablement qu’une altération du verbe simple awrir, en latin aperire. C’est ainsi qu’il faut lire dans les manuscrits où le double w est écrit uu. L’on croit donc voir l’origine des orthographes aovrir, aouvrir, dans le premier u prononcé o, ou, et celle des orthographes ovrir, ouvrir, dans le changement assez ordinaire de l’a en o. Quoi qu’il en soit, la signification d’awrir, auvrir, aouvrir, verbe plus usité dans notre ancienne langue, qu’adovrir, étoit la même que celle d’ouvrir. " Sire, auvre les oilz de cest mien Servant.... e nostre Sire li auverid les oilz. " (Liv. des Rois, MS. des Cordel. fol. 130.) " Anz awrirent.... lor tressors. " (St Bern. Serm. fr. MSS. p. 214. - Voy. OUVRIR ci-après.)

Les portes covient aouvrir.

Bible Guiot, MS. de N. D. n° E. 6, fol. 89, R° col. 2.

Lorsque les Lois et la Religion permettoient que le sort des armes décidât les droits de la Justice et de l’Innocence, on demandoit à combattre, et la barrière du champ clos étoit ouverte. Peut-être faut-il rapporter à cet usage, l’origine de l’expression aouvrir Cour aux parties ; au figuré, " leur aouvrir loi et voie de droit : " c’est-à-dire, ouvrir aux

(I) Corr. assanler : assembler.


parties la barre de la Cour, les admettre à soutenir leur droit et à le poursuivre en Cour de Justice. " Le suppliant nous requist... que nous li vousissiens assauler le Court des frans hommes de nosdis Seigneurs, pour entendre ad che qu’il vaurroit dire ; lesquels nous lui assaulames, et adovrimes Court. " (D. Carpentier, Suppl. Gloss. latin de Du Cange, au mot Aperire ; tit. de 1358.) " En ladite information n’avoit chose que lois et voie de droit ne deust estre audit Raoulin aouverte, par la vertu duquel jugement nous... li aouvrismes Loi et feismes faire criées. " (Id. ibid. tit. de 1328.)

On ouvre, pour ainsi dire, à l’esprit humain, la porte des connoissances, en lui découvrant, en lui faisant voir, en lui dévoilant, en lui révélant, en lui expliquant, en lui éclaircissant les choses qu’il veut ou qu’il doit savoir. De là, le verbe awrir, aouvrir, signifioit découvrir, faire voir, dévoiler, révéler, etc. " Si enquist Herodes par les Escrivains, lo leu où nostre Sires dovoit naistre, et cil.... awirent (corr. awrirent) lo nom de la Citeit. " (St Bern. Serm. fr. MSS. p. 214.) " Comment li glore ait habiteit en nostre terre, ceu si awrit li Salmistes par ces parolles. " (Id. ibid. p. 369. - Voy. AOUVERT.)

CONJUG.

Awerid, indic. prétér. Ouvrit. (Livres des Rois.)

Awerit, indic. prét. Découvrit, déclara, fit savoir. (St Bern. Serm. fr. MSS. p. 195.)

Awrans, partic. prés. Ouvrant. (Id. ibid. p. 50.)

Awrat, indic. futur. Ouvrira. (Id. ibid. p. 133.)

Awreit, indic. prét. Ouvrit. (Id ibid. p. 14 et 40.)

Awrest, subj. imparf. Ouvrît (Id. ibid. p. 139.)

Awret, indic. prés. Ouvre. (Id. ibid. p. 4.)

Awriens, subj. prés. Que nous découvrions. (Id. ibid. p. 179 et 265.)

VARIANTES :

AOUVRIR, ADOVRIR. D. Carpentier, Sup. Gloss. lat. de Du Cange, au mot Aperire ; tit. de 1328 et 1358.

AOVRIR Floire et Blancheflor, MS. de St Germ. fol. 130.

AUVERIR. Liv. des Rois, MS. des Cordel. fol. 130, R° col. 1. - St Bern. Serm. fr. MSS. p. 195.

AUVRIR, AWRIR. St Bern. Serm. fr. MSS. p. 90, passim.


Niort. - Typographie de L. Favre.