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services. (Laur. Gloss. du Dr. fr. Du Cange, Gloss. Lat. ubi suprà.)

On l'employoit quelquefois en ce sens, avec le pronom réfléchi : d'où vient s'abriger, pour dépérir, aller en diminuant, " toutes natures s'abrigent et descendent. " (Chasse de Gast. Pheb. MS. p. 134.)

De là, on a dit s'abrièver, pour s'abaisser, s'humilier. St Bernard, dans son Sermon sur la Nativité de J. C. a dit : " chier freire, ou quels fu li besoigne par kai li Sire de Maiesteit s'umiliest et s'abreviest ensi. " (Serm. fr. MSS. p. 123.)

CONJUG.

Abrevicie, part. au fém. Abrégée. (S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 123 et 150.)

Abreviens, subj. prés. Abrégions. (Id. ibid. p. 123.)

Abreviest, subj. imp. Abrégeât, dans le latin abbreviasset. (Id. ibid.)

Abrevieye, part. au fém. Abrégée. (Id. ibid. p. 171.)

VARIANTES :

ABRÉGER. Orth. subsist. — Ger. de Rouss. MS.

ABBREGER. Du Cange, Gloss. Lat. au mot Feudum talliatum.

ABBREVER. Oudin, Dict. et Cur. fr.

ABBREVIER. Cout. gén. T. II, p. 66, note marg. (c.)

ABREGIER. Joinville, p. 49. — Farce de Pathelin, p. 81.

ABREVIER. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 50.

ABRIDGER. Tenures de Littleton, fol. 122, V°.

ABRIEFVER. Rom. de la Rose, vers 20675.

ABRIEVER. Borel et Corn. Dict.

ABRIGIER. Ger. de Rouss. MS. p. 175.

ABRIVER. G. Guiart, MS. fol. 230, R° et 253, V°.

Abrevé

partic. adj. Hâté, empressé, prompt. Facile.

On a dit abréger, le même qu'abréver, pour hâter. De là l'acception figurée d'abrévé, etc. pour hâté, prompt, empressé.

Un Varlet vint tous abrivez Qui fort hurté à ma porte a, Et une lettre m'apporta De ma très-douce Dame chiere.

G. Machaut, fol. 194, V° col. 3.

Jean de Meun dit, en parlant des passions, dont trois sont les plus dangereux ennemis de l'homme :

Ly pejour ennemy de tous sont ly privé, Et ces trois sont à nous si joinct et si rivé, Et de nous décevoir si duyt et abrivé, Que nous sommes par eulx presque tout chaitivé .

Rom. de la Rose, Codicile, vers 1403.

On a dit adverbialement dans le même sens, tout à l'abrévé, pour en hâte, promptement. (Gace de la Bigne, des Déd. MS. fol. 29, V°)

Par extension de ce premier sens, ce mot, sous l'orthographe Abroïe seulement, a signifié facile, en parlant d'une femme qui hâte le bonheur de son amant, qui abrége ses souffrances. Dans un Jeuparti, l'on répond à celui qui préfère une maîtresse de ce caractère, à celle qui fait desirer long-temps ses faveurs :

Mais vous jugiés estre loi Ki dites c'on doit l'amie


Proisier tantost abroie. Pas si fais ne sui, N'a vostre sens ne m'apui. On doit amer et chierir L'amour c'on a à desir.

Anc. Poës. Fr. MS. du Vatic., n° 1490, fol. 139. V°.

VARIANTES :

ABREVÉ. Gace de la Bigne, des Déd. MS. fol. 29. V°.

ABRIEVÉ. Athis. MS. fol. 72, R° col. 1. — Ph. Mousk. MS. page 581.

ABRIVÉ. Athis, MS. fol. 84, V° col. 1. — Fabl. MS. du R. n° 7615, fol. 127, V° col. 1.

ABROÏE. (fém.) Anc. Poës. Fr. MS. du Vatic, n° 1522, fol. 161, V° col. 2.

Abréviation

subst. fém. Action d'abréger.

Ce mot subsiste pour désigner une écriture en abrégé : on l'employoit autrefois pour signifier l'action même d'abréger. Ainsi Mathieu de Coucy dit, en parlant du siége de la ville de Gaure : " Il leur sembloit que ce seroit.... l'abréviation de la prise d'icelle. " (Hist. de Charles VII, p. 655.) De là on a nommé Lettres d'Abbréviation, celles " que le Roy octroye aux Seigneurs justiciers, pour faire tenir leur Juridiction hors l'estendue de leurs Fiefs et Justices, et ce pour abbrevier les procès. " (Cout. gén. T. II, p. 66, note marg.) (c.)

VARIANTES :

ABRÉVIATION. Matth. de Coucy, Histoire de Charles VII, page 655.

ABBRÉVIATION. Cout. gén. T. II, p. 66.

Abri

subst. masc.

Ménage fait venir abri du verbe operire, couvrir ; et rejette l'étymologie tirée du mot apricus. (Voy. son Dict. étym.) Mais l'orthographe arbri semble nous indiquer une origine plus simple et plus naturelle. Nous croyons donc que ce mot est formé d'arbre ; que son acception propre et primitive est le couvert que procurent les branches d'un arbre ; et qu'ensuite, par extension, l'on a employé abri dans l'acception générale qui lui reste. Nous observerons d'ailleurs que non-seulement on a écrit arbri pour abri ; mais que l'on a aussi écrit abre pour arbre ; ce qui paroît confirmer doublement l'étymologie que nous proposons.

L'arbre de l'abri ou de l'abris, si souvent répété dans nos anciennes Coutumes, étoit l'arbre situé à la porte des châteaux, sous lequel on se mettoit à couvert du soleil ou de la pluie. Dans la Coutume de Courtray, au lieu d'arbre de l'abri, on lit l'arbre pour se mettre à l'ombre. (Nouv. Cout. gén. T. I, p. 1045, col. 1.)

Dans la coutume d'Assenede, ibid. p. 815, col. 1, l'arbre de l'abris ou l'orme d'abri, est mis au nombre des choses qui suivent le Fief avec le principal manoir. On peut voir dans les Mém. des C. de Champagne, p. 505, une longue dissertation sur l'origine d'abri. (Voy. ABRIEMENT.)

VARIANTES :

ABRI. Orthog. subsist.

ABRIC. Borel, Dict. au mot Emberguer.

(1) pire. — (2) instruit, appris. — (3) captivé. — (4) à tort : extra legem.