Page:La Curne - Dictionnaire historique - 1875 - Tome 01.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
AB — 29 — AB


Abrousture

subst. fém. Droit de pâture.

Ce mot, formé de BROUST ci-après, signifie en patois Normand, le droit de mener brouter les bestiaux dans les buissons et les broussailles, en certains temps de l'année, et à certaines conditions. (Du Cange, Gloss. Lat. au mot Abrostura.)

Abruiner

verbe. Brunir.

Rendre brun, en parlant de l'effet du hâle sur le teint : " Le viaire avoit tant bel, ung pou eschauffé, qui bien lui seoit, et si avoit ung petit de blancheur abruiné par le hasle. " (Percef. Vol. 5, fol. 80, V°, col. 2.) " L'ardeur du soleil lui avoit le visage abruni. " (Ibid. fol. 72, R° col. 2.)

VARIANTES :

ABRUINER. Percef. Vol. V, fol. 80, V°.

ABRUNIR ibid. fol. 72, R°.

Abruptement

adv. Brusquement, vivement. Rapidement.

On lit au premier sens : " Elle lui commença à dire abruptement, ô déloyal ! " (L'Amant résuscité, page 216)

Dans le second sens : " ce mont roule abruptement. " (Essais de Montaigne, T. II, p. 735.)

Ces deux acceptions figurées, naissent de la signification propre du mot latin abruptè, dont abruptement tire son origine.

Abscheid

subst. masc. Décret, arrêt.

Mot emprunté de l'Allemand. (Voy. Wachter. Glossar. Germanicum.)

Ces mots sont répétés plusieurs fois dans les Mémoires de Villeroy, T. VII, p. 210 et suiv. et dans l'ambassade de Bassompierre, T. II, p. 18, 29, etc. Abscheid est le vrai mot ; Abscherdit en est une corruption : Selon Pélisson, " les Suisses nomment Abscheid, la déclaration, ou contre-lettre signée de tous les cantons en la journée de St-Jean à Bade en 1579, avec la Maison d'Autriche. " (Hist. de Louis XIV, T. II, liv. VI, p. 269.)

VARIANTES :

ABSCHEID. Mém. de Bassomp. T. III, p. 255, etc.

ABSCHERDIT. Mém. de Villeroy, T. VII, p. 210, 214, etc.

Abscis

partic. Coupé, taillé.

Du latin Abscissus. (Voy. Cotgr. Dict. et Bouteill. Som. Rur. p. 548.)

VARIANTES :

ABSCIS. Cotgr. Dict.

ABSCISÉ. Bouteill. Som. Rur. p. 548.

Abscondre

verbe. Cacher.

On a formé abscondre, de l'infinitif latin abscondere ; mais absconser vient du supin absconsum. Ces deux orthographes ont chacune leurs variations qu'il est aisé de distinguer.

Prince, pourquoy, ne comment Est vérité du monde absent,


Qu'om ne la veut escouter ? Chascuns le va menaçant ; Pour ce se va escousant.

Eust. des Ch. Poës. MSS. fol. 302, col. 1 et 2.

Le soleil, lorsqu'il descend sous l'horizon, semble se cacher : de là soleil esconsant, pour soleil couchant. (Percef. Vol. I, fol. 69, V° col. 1.)

Par une espèce de métonymie ou de renversement d'idée, l'action de la nuit sur le soleil qu'elle éclipse ou fait disparoître, a été transportée à la nuit elle-même, qui s'obscurcit et devient plus noire. C'est en ce sens qu'on doit entendre le passage suivant : " adonc se print à esconser la nuyct obscure et ténébreuse, tant qu'il convint, etc. " (Percef. Vol. II, fol. 138, V° col. 2.)

Une pierre lancée en l'air se cache en quelque sorte dans l'endroit où elle tombe ; de là la signification figurée d'escondre dans ces vers de G. Guiart, cités par Du Cange :

Pierres qui ne sont pas légières, Grosses sont celles des périères Qui se vont en la ville escondre, Et font les couvertures fondre.

Gloss. Lat. au mot Absconsa.

VARIANTES :

ABSCONDRE. Gloss. du Rom. de la Rose.

ABSCONSER. Rom. de la Rose, vers 18079.

ASCONDRE. Gloss. du Rom. de la Rose.

ESCONCER. Gace de la Bigne, des Ded. MS. fol. 143, V°.

ESCONDRE. Borel, Dict.

ESCONSER. Nicot. Oudin, Cotgr. Dict.

ESCOSER. Anc. Poët. Fr. MSS. avant 1300, p. 838.

ESCOUSER. Eust. des Ch. Poës. MSS. fol. 302, col. 1 et 2.

Absconse

subst. fém. Cachette. Subterfuge, détour, dissimulation. Lanterne sourde.

Ce mot, sous ses différentes orthographes, tire son origine du latin absconsum, caché ; la première acception est l'acception propre.

Lors vient do das de son esconse.

Eust. des Ch. Poës. MSS. fol. 525, col. 4.

Absconse ou Esconse, au figuré, signifioit subterfuge, détour :

Ne nous va plus querir esconse, Que dis-tu ! en feras-tu rien !

Eust. des Ch. Poës MSS. fol. 566, col. 1.

Dit le Roy, bien sçavoye en mon cuer sans Absconce, Que toutes me feriés une telle response.

Ger. de Rouss. MS. p. 95.

Enfin l'on nommoit absconse, une lanterne sourde, dans laquelle la lumière est cachée. Conse et Gonse sont des contractions d'absconce ou esconse, en ce sens on a employé le Latin absconsa avec la même signification. (Voy. Du Cange, Gloss. Lat. sous ce mot.)

Dans la Table de l'Hist. d'Auxerre, par Le Beuf, on dit que les lanternes du choeur de l'église d'Auxerre, s'appellent encore Conses ou Gonses.

VARIANTES :

ABSCONSE. Du Cange, Gloss. Lat. au mot Absconsa.

ABSCONCE. Ger. de Rouss. MS. p. 95.