Page:La Révolution surréaliste, n07, 1926.djvu/16

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'+ POEMES En moi qui ne suis ni Ronsard ni Baudelaire, Moi qui suis Robert Desnos et qui pour t’avoir connue et aimée, Les vaux bien; Moi qui suis Robert Desnos, pour t’aimer Et qui ne veux pas attacher d’autre réputation à ma mémoire sur la terre méprisable. COMME UNE MAIN A L’INSTANT DE LA MORT Comme une main à l’instant de la mort et du naufrage se dresse ainsi que les rayons du soleil couchant, ainsi de toutes parts jaillissent tes regards. Il n’est plus temps, il n’est plus temps peut-être de me voir, Mais la feuille qui tombe et la roue qui tourne, Te diront que rien n’est perpétuel sur terre, Sauf l’amour d’un poète, Et je veux m’en persuader. Des bateaux de sauvetage peints de rougeâtres couleurs, Des orages qui s’enfuient, Une valse surannée qu’emportent le temps et le vent durant les longs espaces du ciel. Paysages. Moi je n’en veux pas d’autres que l’étreinte à laquelle j’aspire, Et meure le chant du coq. Comme une main, à l’instant de la mort, se crispe, mon coeur se serre. Je n’ai jamais pleuré depuis que je te connais. J’aime trop mon amour pour pleurer Tu pleureras sur mon tombeau, Ou moi sur le tien, il ne sera pas trop tard. Je mentirai. Je dirai que tu /?/•<?ma maîtresse. Et puis vraiment c’est tellement inutile, Toi et moi, nous mourrons bientôt. A LA FAVEUR DE LA NUIT Se glisser dans ton ombre à la faveur de la nuit Suivre tes pas ton ombre à la fenêtre Cette ombre à la fenêtre c’est toi ce n’est pas une autre c’est toi N’ouvre pas cette fenêtre derrière les rideaux de laquelle tu bouges Ferme les yeux Je voudrais les fermer avec mes lèvres Mais la fenêtre s’ouvre et le vent le vent qui balance bizarrement la flamme et le drapeau entoure ma fuite de son manteau La fenêtre s’ouvre Ce n’est pas toi Je le savais bien. Robert DESNOS. L’EXTASE GeorgesMalkinc