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LE MUSÉON.

B. D’après le Culla, les Vinayas des Mahīçāsakas et des Mahāsāṁghikas, et plusieurs autres sources dont l’autorité indépendante est douteuse, l’examen de conscience d’Ānanda, institué par le conclave ou par Kāçyapa, a lieu après les opérations du concile et n’a aucun rapport avec sa qualification comme Arhat ou comme membre du dit concile[1].

Ceci est absurde, semble-t-il, et hétérodoxe ; et on ne peut qu’approuver les Dharmaguptas d’avoir placé le jugement d’Ānanda avant le concile, et les Sarvāstivādins, ainsi que deux autres sources chinoises, d’avoir subordonné l’admission d’Ānanda à sa justification et à l’acquisition de la sainteté (arhattva). Mais cette absence d’ordre et de convenance dans trois sources de premier rang, comparée à l’harmonie plus grande qui règne dans les autres, permet d’affirmer, avec Minayeff, « l’entière indépendance des récits réunis par nos diascévastes en un seul tout ». Dans le récit plus ancien, croyons-nous, il n’était pas question de concile : on réprimande Ānanda. Qu’on ajoute à ce premier noyeau la légende d’un concile, la réprimande d’Ānanda ne changera pas d’abord de caractère ; et si l’orthodoxie, en voie de se former, exige que tous les membres du conclave soient Arhats, on ne fera pas de

  1. Le jugement d’Ānanda a lieu, soit avant la compilation des Écritures (Dharmaguptas, Sarvāstivādins, Mahāprajnāpāramitāçāstra}}, la collection de Kāçyapa [Nanjio 1363], Hiouen-Thsang, I. 156), soit après (Mahīçāsakas, Mahāsāṃghikas, Vinayamātṛkāsūtra, Vie d’Açoka). Tantôt il n’y a aucun rapport entre les fautes d’Ānanda et sa qualité de membre du concile (sources du second groupe et Dharmaguptas) ; tantôt, au contraire, le jugement a pour but de démontrer qu’Ānanda n’est pas arhat, et doit être exclu du conclave.