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LE MUSÉON.

sur cette possibilité de prolonger la vie humaine était aussi le même ».

M. Oldenberg observe, à bon droit, que les mots que nous avons soulignés, dans le canon, constituent une inexactitude. Le Kathāvatthu condamne, il est vrai, la susdite opinion, — le Kâthāvatthu, le plus jeune des livres d’Abhidhamma, que la tradition orthodoxe ne fait remonter qu’à Tissa Moggalīputta, au troisième concile, et que Minayeff lui-même considère comme beaucoup plus tardif, — de telle sorte qu’on peut, « si l’on veut », dire que la doctrine susdite est condamnée dans le canon, mais qu’il convient de préciser tant soit peu. — Mais ce n’est pas dans le Kathāvatthu, c’est dans le commentaire du Kathāvatthu que les Mahāsāṁghikas sont désignés comme tenants de l’hérésie en question[1] : « Le Kathāvatthu nous renseigne sur l’activité d’une génération de théologiens qui entretiennent avec le texte des Suttas un rapport analogue à celui des scolastiques chrétiens avec le texte du Nouveau Testament. Les Suttas constituent des données fermes ; on en cite souvent des fragments plus ou moins étendus ; ils jouissent d’une autorité sans limite. Mais il s’agit de les interpréter convenablement et de trouver une solution quand ils paraissent se contredire. C’est ainsi que, dans le passage du Kathāvatthu qui nous occupe, est examinée la contradiction entre la donnée scripturaire sur le pouvoir de prolonger la vie que procure l’iddhi [vertu magique] et cette autre donnée scripturaire qui déclare impossible que ne vieillisse pas ce qui est vieillissable, ne meure pas ce qui est mortel[2]. La con-

  1. Buddh. Studien, p. 619.
  2. Aṅg. II p. 172.