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LES CONCILES BOUDDHIQUES.

clusion est qu’en effet un tel pouvoir n’a pas pu être attribué à l’iddhibala ; et le commentaire, riche en habiletés exégétiques, — aussi fréquentes chez les pieux dialecticiens bouddhistes que chez leurs confrères chrétiens, — se débarrasse du témoignage scripturaire, parfaitement clair en effet, par une distinction [ingénieuse] des diverses significations du mot kappa »[1].

J’ai tenu à reproduire toute cette page parce qu’elle est très heureuse et fort instructive ; mais c’est à peine si elle modifie la forme qu’il faut donner à l’argumentation de Minayeff.

Il est acquis que, d’après le rédacteur du Mahâparinibbâna (III. 3, etc.), le Bouddha s’attribuait, comme il attribuait à tous les possesseurs des idddhibalas, le pouvoir de « demeurer » jusqu’à la fin du « siècle ». Dès lors, l’opinion des theras et d’Ānanda est d’accord avec un texte au plus haut degré canonique. Elle est contredite par le Kathāvatthu, comme par le Milinda. Cela prouve, ainsi que l’observe très bien M. Oldenberg, que, du jour où on chercha à construire une dogmatique, on se heurta à des textes sacrés inconciliables entre eux, ou inconciliables avec les vues théoriques, « dogmatiques », formées ou en formation. Mais à quelle époque la préoccupation dogmatique s’attacha-t-elle à la question des vertus conférées par l’iddhibala ? De très bonne heure, à notre avis, car cette question, comme celle de l’impeccabilité de l’Arhat, touche à celle du Bouddha considéré comme iddhimān ; elle est d’ailleurs en rapport avec l’attitude que la Com-

  1. kappa signifierait ici la durée normale de la vie humaine. En d’autres termes, le Bouddha se serait vanté de pouvoir échapper à une mort prématurée (akālamaraṇa). On a beaucoup discuté le problème de l’akālamaraṇa de l’Arhat. L’habileté de Buddhaghoṣa n’est donc pas uniquement son fait.