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LES CONCILES BOUDDHIQUES.

trahissent le même esprit de non-ascétisme et confirment mon impression que les règles, contraires aux nouveautés, ont été rédigées après Vaicālī: « L’esprit du Vinaya actuel, [encore que modifié par le triomphe postérieur de l’ascétisme], n’est pas inconciliable avec beaucoup des nouveautés de Vaiçālī… Dans le Vinaya, divers emplois sont établis dans la communauté pour recevoir en présent, conserver, partager aussi bien les habits que la nourriture. La communauté a le droit de propriété mobilière et immobilière ; la propriété mobilière peut aussi appartenir à un moine isolé », ce qui est pour le moins en opposition avec les coutumes communistes que l’on s’est plu à attribuer à l’ancienne fraternité[1].

Par cette volte-face et cette contradiction, au moins apparente, Minayeff fournit à M. Oldenberg l’occasion d’un facile succès[2].

Je dis apparente, parce que la contradiction n’est pas le fait de Minayeff, mais le fait du Vinaya. Le Pātimokkha défend la provision de nourriture, mais le Mahāvagga permet toute espèce de provisions, médicaments de toute nature, à commencer par les racines médicinales. Le religieux ne peut pas accepter de monnaie, mais il peut avoir un dépôt d’argent chez un laïque « qui lui rend acceptables » (kappiyakāraka) les achats faits avec cet argent[3]. De même le couvent possède des halles à provision, « store houses », qui sont des kappiyabhūmis, des kappiyakuṭīs, et rendent licites les aliments conservés, sel, huile et riz[4].

  1. Voir Vinaya Texts, I, p. 18.
  2. Buddh. Studien, p. 623, cité ci-dessous p. 64, n. 1.
  3. M. Vagga, VI. 34, 1.
  4. M. Vagga, VI. 33.