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LOUISE LABÉ


fiancée de Jean du Peyrat ne lui survécut pas, mourut jeune et entourée du plus haut respect. Ses funérailles furent magnifiques et son corps porté à découvert en grande pompe, le front couronné de fleurs blanches. Quant aux jugements des contemporains, certains sont évidemment suspects et parmi eux celui de Calvin, ce protestant hypocrite habitué aux calomnies et fertile en injures.

Par contre, presque toutes ces raisons alléguées en faveur de l’honnêteté de la Belle Cordière n’ont rien de probant et pourraient aussi bien être retournées contre elle. C’est ainsi, comme nous l’avons déjà fait pressentir, que le langage des contemporains n’est pas un gage sûr, les épithètes de très chaste, très honnête étant employées à tout propos et s’adressant aussi bien aux courtisanes qu’aux dames respectables. De plus, bon nombre de femmes légères étaient fort pieuses et s’appliquaient à soulager les pauvres et à soutenir des ordres religieux. Enfin des esprits chagrins trouveraient encore à suspecter l’amitié de Louise pour Clémence de Bourges. À l’époque où la Belle Cordière publia ses œuvres de fâcheux bruits commençaient à courir sur ses mœurs, peut-être voulut-elle y couper court en se mettant sous un haut patronnage, ce qui de sa part était fort habile. — Telles