Page:Laboulaye - Quelques réflexions sur l’enseignement du droit en France.djvu/10

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l’opinion de personne. Quelque soit du reste l’auteur ou les auteurs de ce rapport, leur nom fut-il de ceux qui nous ont toujours commandé le respect, nous n’en dirons pas moins ce que nous croyons la vérité car il s’agit de l’intérêt le plus élevé et le plus sacré, de l’intérêt de la science, compromis par les fausses idées et les vues étroites de ceux qui devraient être ses défenseurs naturels. Nous combattrons à outrance le système régnant comme la cause la plus directe de l’infériorité de la science française en certaines parties ; système bâtard qui ne satisfait ni la théorie ni la pratique ; mauvais pour les étudiants dont il rétrécit l’esprit, non moins désastreux pour les professeurs qu’il enlève à l’étude et fatigue par d’inutiles examens. Nous parlerons avec d’autant plus de franchise et d’énergie, que, Dieu merci, nulle question de personne n’est engagée dans la réforme que nous sollicitons. Ce que nous demandons, c’est un changement d’institutions, et il s’agit pour nous d’introduire dans la Faculté non pas un professeur, mais un principe nouveau. Ce principe, qui a fait la fortune des Universités allemandes, se résume en deux mots c’est la liberté substituée à la servitude, liberté pour l’étudiant, liberté pour le professeur.


§1. — Du système d’enseignement suivi en France, et de ses défauts.


Quel est donc le système auquel il faut attribuer l’infériorité de l’enseignement ; et quel est le vice secret qui a jusqu’à ce jour paralysé les bonnes intentions du gouvernement ? Est-ce à l’organisation du professorat qu’il faut s’en prendre, comme on le fait communément ; est-ce à la sphère trop restreinte des études ? Ces deux causes ont sans doute contribué à retarder le progrès mais selon nous, ce n’est point là qu’est le principal foyer du mal. Une loi remplacerait demain le concours par un mode meilleur, augmenterait le nombre des chaires, introduirait trois ou quatre cours nouveaux qu’une telle réforme ne nous satisferait pas. On ouvrirait sans doute un horizon plus