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comme raisonnable, c’est un épreuve étrangère au cours professé dans l’année, qui vient surprendre l’éteve nu milieu de ses travaux réguliers, et le force de négliger son professeur pour se consacrer tout entier à des études terminées quinze ou dix-huit mois plus tôt. Tel est le premier examen de licence, et, sur ce point, je laisse parler un juge des plus compétents, M. Foucart, doyen de la Faculté de Poitiers, qui tient un rang si honorable dans la science, comme professeur et comme écrivain[1].

« Le premier examen de licence porte sur le droit romain, dont les élèves n’ont pas entendu parler depuis la première année d’études[2], La nécessité de revoir tout le droit romain fait une fâcheuse diversion à l’étude

des droits civil, commerciale et administratif. Je serais d’avis de le supprimer, convaincu qu’il est sans utilité pour les étudiants qui ne prennent que le grade de licencié[3]. » J’ajouterai : non-seulement il est sans utilité, mais il est nuisible. L’étudiant arrive presqu’au milieu de l’année sans s’être occupé des leçons de la Faculté, il se trouve alors en présence d’un dernier examen fort chargé, suivi de la thèse ; que faire en pareil cas ? On force le travail, c’est-à-dire on surcharge sa mémoire, souvent même on a recours à ce que nos ancêtres nommaient un siffleur d’examens, et, tant bien que mal, on arrive au port. Trois mois après le triomphe on ne sait plus un mot de cette leçon si péniblement apprise, et on serait hors d’état de recommencer l’épreuve. Mais qu’importe ? l’État et

  1. Rapport, p. 106.
  2. À Paris, ils ont eu un cours de Pandectes, mais ce cours n’a souvent rien de commun avec les Institutes sur lesquelles porte le fort de l’examen.
  3. Strasbourg demande aussi la suppression de cet examen.Rapport, p. 77.