Page:Laboulaye - Quelques réflexions sur l’enseignement du droit en France.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la Faculté ont obtenu le résultat désiré ; ils ont fait un licencié.

Je suppose ces défauts corrigés, et qu’on admette le sage principe de ne faire d’examens que sur une matière complétement étudiée, et à une époque où l’épreuve ne pourra pas faire tord à l’enseignement régulier ; on n’aura pas encore remédié au mal que produit la multitude des examens. L’étudiant ne sera pas moins obligé de suivre certains cours dans un ordre et dans un temps donnés, sans avoir même la possibilité d’apprendre autre chose que les matières exigées. Nous revenons toujours à la science officielle avec les défauts que nous avons déjà signalés. Quatre ou cinq cours pratiques, tel est le cercle dont il est impossible de sortir. Quant aux études philosophiques, historiques ou pratiques, qui ne font point partie du programme de l’Etat, il sera permis aux jeunes gens de s’y livrer à leur sortie de l’école ; autrement dit, leur éducation officiellement terminée, il faudra la recommencer s’ils veulent savoir quelque chose ; s’ils désirent être savants, ils iront étudier autre part que dans la Faculté, l’histoire et la philosophie du droit. Magistrats, ils apprendront autre part que dans la Faculté, les théories du droit pénal, la pratique civile et criminelle, l’art de faire un rapport ou de rédiger un jugement. Avocats, ils entreront chez l’avoué, ou dans une conférence, pour connaître un dossier et s’essayer à parler ; membres de l’administration, il ne leur restera plus à étudier que la législation fiscale, industrielle, ou financière, toutes superfétations qui encombreraient l’enseignement de la Faculté, et auxquelles d’ailleurs les examens ne laissent point de place. Ainsi l’étudiant, quelle que soit la carrière à laquelle il se destine, quel que soit le temps qu’il veuille passer dans la Faculté, ne saura pas le quart ou la moitié de ce qu’il faut savoir ; mais il aura été cinq fois examiné s’il veut être licencié, et huit fois s’il lui plaît d’être docteur n’est-ce pas le cas de s’écrier avec un personnage de comédie : Oh ! admirable puissance de… l’examen !

Mais dira-t-on, la majorité des étudiants ne travaille qu’en vue de l’examen ; supprimez cette épreuve, ou reportez-la à la