Page:Laclos - De l’éducation des femmes, éd. Champion, 1903.djvu/80

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même traitement ; enfin, à 40 ans, chez les Calmouques, d’être les compagnes de leurs maris, et devenir les servantes de la maison et des jeunes femmes qui leur succèdent ; traitées, chez les Coréens, comme leurs esclaves et souvent chassées, elles et leurs enfants, pour des fautes légères ; corrigées avec sévérité chez les peuples du mont Liban, et y être esclaves, non seulement de leurs maris, mais même de leurs enfants mâles ; chargées à Congo de tous les travaux de force, y servir leurs maris et n’oser ny manger avec eux ny s’asseoir en leur présence ; c’est ainsi qu’on voit encore les Hottentots, quoique élevés par leurs mères, se faire un point d’honneur de les mépriser et de les fraper même, lorsqu’à l’âge de 19 ans, ils sont agrégés parmy les hommes ; que si dans ces pays les hommes paroissent s’être réservé les fatigues de la chasse, c’est que cette occupation, loin de leur paroitre pénible, est en eux un penchant naturel, fortifié encore par le désir de puissance et de domination, premier fruit de l’esprit social. Ils regardent si bien la chasse comme un plaisir que, chez quelques peuples, (les Lapons par exemple) elle n’est pas même permise aux femmes. L’oppression et le mépris furent donc, et durent être généralement, le partage des femmes dans les sociétés naissantes ; cet état dura dans toutte sa force jusqu’à ce que l’expérience d’une longue suitte de siècles leur eût appris à substituer l’adresse à la force. Elles sentirent enfin que, puisqu’elles étoient plus faibles, leur unique ressource étoit de séduire ; elles connurent que si elles étoient dépendantes de ces hommes par la