Page:Laclos - De l’éducation des femmes, éd. Champion, 1903.djvu/96

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dans un climat où la nature s’empresse de prévenir ses besoins, se livre à la volupté ; il veut conserver à tout son corps une sensibilité qui n’est exercée que par le plaisir : il reste vêtu ; le malheureux groenlandois, vivant sous un ciel rigoureux, uniquement occupé de chercher au milieu des glaces de la mer une subsistance qu’elle ne lui accorde pas toujours, et que la terre lui refuse constament, n’a d’idées que par ses besoins ; il cherche à émousser une sensibilité qui, presque toujours, lui est douloureuse ; il reste nud, dès qu’il peut se passer de vêtement. Les premiers effets, relatifs à la parure, que produisirent les vêtements, furent de conserver à nos corps plus de sensibilité et de les rendre d’un toucher plus doux ; bientôt l’adresse en scut encore tirer party, soit pour voiler une difformité, soit pour faire présenter des formes plus agréables, soit enfin pour fixer l’attention sur ce qu’on vouloit offrir aux regards ; mais ces ornements étrangers nous quittent dans le moment où souvent leur illusion nous deviendroit plus nécessaire ; alors, au contraire, les dons de la nature brillent de tout leur éclat ; ils nous appartiennent davantage, ils sont plus précieux, ils méritent notre 1re  attention. Femmes coquêtes et riches, vous croiez vous parer en vous surchargeant d’ornements précieux ; vous vous applaudissez de l’admiration béante de la multitude séduitte facilement par l’éclat de la richesse ; en effet, vous fixez l’attention un moment ; mais vous rappelez bientôt ce mot d’Appele à son élève : ne pouvant la faire belle tu la fais riche. Voulez-vous être réellement parées ? En