Page:Lacordaire - Œuvres du R.P. Henri-Dominique Lacordaire, tome 1 - Vie de Saint-Dominique.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
– LIX –

Cependant tous ces grands événements ne faisaient pas oublier au religieux son œuvre do-minicaine. Tandis qu’il fondait un autre couvent, de son Ordre à Dijon, sa patrie d’adoption, il ramenait ses frères à l’antique et célèbre couvent de Saint-Maximin et à la Sainte-Baume, en Provence. Pendant cinq cents ans, les Frères Prêcheurs y avaient été les gardiens des reliques et du tombeau de sainte Madeleine dans la basilique la plus magnifique du midi de la France, et il avait fallu la tempête révolutionnaire du siècle dernier pour les arracher de ce sol béni. Le Père Lacordaire leur rendit ce poste sacré, et il déposa aux pieds de l’illustre et sainte Pénitente un petit livre écrit en son honneur avec une douce et pieuse onction, comme le dernier parfum de son âme qui allait s’exhaler. Ce livre compléta sa réputation comme écrivain, et l’Académie française vint le chercher au fond de sa solitude pour lui offrir une place dans son sein. Il répugnait à l’humble religieux de se prêter à ces avances. Mais n’était-ce pas un hommage rendu à la religion en sa personne, un suprême triomphe remporté sur les préjugés voltairiens, et une acceptation solennelle des Ordres monas-tiques sur la terre de France ? Ne serait-il pas à l’Académie le symbole de la liberté acceptée et fortifiée par la religion ? Ces pensées le déci-