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trer trois choses d’où dépend leur valeur réelle :la volonté de Dieu qui les impose, le bien qui résulte de leur fidèle exercice, et le dévouement du cœur qui en est chargé. Il croit même fermement que les moins honorées ne sont pas les moins hautes, et que la couronne des saints ne tombe jamais plus droit du ciel que sur un front pauvre, blanchi dans l’humilité acceptée d’un dur service. Peu lui importe donc où Dieu marquera sa place; il lui suffit d’apprendre quelle est sa volonté. Or Dieu avait préparé au jeune Dominique un médiateur digne de lui, qui devait non-seulement lui manifester sa vocation, mais lui ouvrir les portes de sa carrière future, et le conduire par des voies imprévues sur le théâtre où l’attendait la Providence.

Parmi les moyens de réforme auxquels avaient recours ceux qui s’efforçaient de relever la discipline ecclésiastique, il en était un particulièrement recommandé par les souverains pontifes, je veux dire l’établissement de la vie commune dans le clergé. Les apôtres avaient ainsi vécu, et saint Augustin, leur imitateur, avait laissé, à ce sujet, la fameuse règle qui porte son nom. La vie commune n’est autre chose que la vie de famille et d’amour à son plus haut degré de perfection, et il est impossible qu’elle soit fidèlement pratiquée sans inspirer à ceux qui s’y dévouent les sentiments de fraternité, de pauvreté, de patience, d’abnégation, qui sont l’âme du Christianisme. Depuis un siècle et demi environ, on donnait aux prêtres qui se sou-