Page:Lacordaire - Œuvres du R.P. Henri-Dominique Lacordaire, tome 2 - Conférences de Notre-Dame de Paris.djvu/81

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rendît cet hommage, que son siège était le siège principal, qu’il était le prince des pasteurs, l’évêque des évêques, et c’est ce que les plus grands d’entre les Pères proclament à l’envi. Mais il était besoin aussi d’actes imposants qui ne pussent jamais tromper les yeux, afin de fournir aux générations futures des preuves inattaquables. À la fin du deuxième siècle, les Églises d’Asie s’obstinent à célébrer les fêtes de Pâques le quatorzième jour de la lune, comme les Juifs, tandis que les chrétiens d’Occident la solennisent le dimanche qui suit ce jour : le pape saint Victor Ier les excommunie. Au troisième siècle, saint Cyprien, évêque de Carthage, avec un concile de soixante évêques d’Afrique, décide qu’on rebaptisera les enfants des hérétiques : saint Étienne Ier s’y oppose, menace de fulminer l’excommunication, et saint Cyprien, tout grand homme qu’il est, est obligé de plier. Saint Denys, patriarche d’Alexandrie, le premier des patriarcats d’Orient, émet quelques propositions douteuses sur la Trinité ; plusieurs évêques effrayés s’adressent au Souverain Pontife, et saint Denys est obligé d’écrire au pape une lettre apologétique. C’est assez d’avoir cité ces trois grands faits ; cette période de la vie de l’Église dura jusqu’au quatrième siècle : ici le Saint-Siège entre dans une nouvelle phase d’existence spirituelle et temporelle.

Le monde était chrétien ; nous l’avions vaincu par la force du martyre et de la grâce de Dieu. Un prince monte sur le trône des Césars, qui comprend