Page:Lacordaire - Œuvres du R.P. Henri-Dominique Lacordaire, tome 2 - Conférences de Notre-Dame de Paris.djvu/89

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par des faits et des doctrines qui ont rempli les cinq derniers siècles de l’histoire. Je ne ferai que les indiquer. Au quatorzième siècle, le séjour des papes à Avignon durant soixante ans ; au quinzième, le grand schisme d’Occident, qui mina le respect des peuples pour le centre de l’unité ; au seizième, le protestantisme ; au dix-septième, le jansénisme, cette hérésie déloyale qui n’osa jamais attaquer l’Église en face et qui se cacha dans son sein comme un serpent ; au dix-huitième, le rationalisme, qui se crut assez fort pour attaquer, non plus le vicaire de Jésus-Christ, mais l’œuvre et la personne même du Christ. Un moment on put croire tout perdu : d’un bout de l’Europe à l’autre, ce n’était qu’une vaste conspiration contre le christianisme, où les princes et leurs ministres occupaient le premier rang. On sait le coup de tonnerre qui les désabusa. Tous ces rois qui donnaient des petits soupers à la philosophie, apprirent un jour que la tête du roi de France, le premier roi du monde, était tombée devant son palais, sous la hache ignoble d’une machine… Ils reculèrent d’un pas devant Dieu. La république française leur apporta d’autres nouvelles de la Providence ; un soldat parvenu leur en intima les ordres ; il détruisit dans les champs de Wagram jusqu’au nom du saint-empire romain, si longtemps adversaire de la papauté, et lui-même, ayant osé porter les mains sur elle, victime des mêmes fautes dont il avait été le glorieux châtiment, on le vit tout à coup s’éteindre comme une étoile tombée, dans les flots profonds et