Page:Lacordaire - Œuvres du R.P. Henri-Dominique Lacordaire, tome 2 - Conférences de Notre-Dame de Paris.djvu/95

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l’établissement de son unité dans le monde, à travers tant de difficultés et de changements, porte un caractère de divinité ! Cependant, peut-être vous vous demandiez en même temps : Comment, si cette Église enseignante est nécessaire au genre humain, a-t-elle été établie si tard ? Est-ce que l’homme n’avait pas besoin d’être enseigné avant Jésus-Christ ? ou bien, avant la venue de son Fils, Dieu dédaignait-il le salut des hommes, et ne voulait-il les racheter qu’à un jour et à une heure fixes ? Mais vous vous rappeliez ces éclatantes paroles de saint Paul : Je vous conjure avant toutes choses d’adresser à Dieu des supplications, des prières, des demandes, des actions de grâces pour tous les hommes… ; car cela est bon et précieux devant Dieu, notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et arrivent à la connaissance de la vérité. Il n’y a, en effet, qu’un Dieu et qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes, l’homme Christ Jésus, qui s’est donné lui-même pour la rédemption de tous[1]. Cela étant, comment l’établissement de l’Église, destinée à l’enseignement et au salut des hommes, a-t-il commencé si tard ? Il est vrai, Messieurs, que l’Église, sous sa forme actuelle, ne date que de Jésus-Christ ; mais, prise dans son essence et dans sa réalité totale, elle remonte jusqu’au berceau de la création, selon cette énergique expression de saint Épiphane : « Le commencement de toutes choses est la sainte

  1. Saint Paul, 1re Épître à Timothée, chap. ii, vers. 1 et suiv.