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notice sur la vie et les ouvrages

l’esprit de dénigrement et de satire, qui a si justement rendu son ouvrage suspect, ne doit pas nous empêcher d’en extraire les lignes où il expose, avec l’énergie qui lui est particulière, son opinion, qui est celle de l’Europe, quand il rend justice à M. Lagrange[1].

« Il me semble, ce sont ses termes, qu’il y aurait ici en ce moment une acquisition digne du Roi de France. L’illustre Lagrange, le premier Géomètre qui ait paru depuis Newton et qui, sous tous les rapports de l’esprit et du génie, est l’homme qui m’a le plus étonné ; Lagrange, le plus sage, et peut-être le seul philosophe vraiment pratique qui ait jamais existé, recommandable par son imperturbable sagesse, ses mœurs, sa conduite de tout genre, en un mot l’objet du plus tendre respect du petit nombre d’hommes dont il se laisse approcher, Lagrange est mécontent, tout le convie à se retirer d’un pays ou rien n’absout du crime d’être étranger, et où il ne supportera pas de n’être pour ainsi dire qu’un objet de tolérance… Le prince Cardito de Caffredo, Ministre de Naples à Copenhague, lui a offert les plus belles conditions de la part de son Souverain ; le Grand-Duc, le Roi de Sardaigne, l’invitent vivement ; mais toutes leurs propositions seront aisément oubliées pour la nôtre… Je suis très-attaché à cette idée, parce que je la crois noble, et que j’aime tendrement l’homme qui en est l’objet… J’ai suspendu la délibération de M. L. G. sur les propositions qui lui sont faites, pour attendre les nôtres… J’ai oublié de vous dire que l’Ambassadeur (de France) avait, à ma prière, adressé à M. de Vergennes la proposition d’appeler M. Lagrange. »

L’auteur que nous citons paraît craindre l’opposition de M. de Breteuil, et, suivant M. Lagrange lui-même, ce fut l’abbé

  1. Histoire secrète de la cour de Berlin, 1789, t. II, p. 173 et suiv.