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APPENDICE AU CHAPITRE III


N° 1. — Sans doute les femmes mariées qui ont un amant, celles qui sont séparées de leur mari et les veuves. Celles-ci, en grand nombre dans l’Inde, et dans la force de l’âge, sont obligées d’avoir recours à l’avortement pour cacher les conséquences de leur inconduite qui, si elle était connue, serait punie par l’exclusion de la caste.

Toutes connaissent les drogues qui font avorter.

Quand la potion n’a pas produit l’effet voulu, quelques-unes ont recours à des moyens mécaniques qui, souvent, mettent leurs jours en danger.

Ce fait nous a été révélé par des médecins européens qui, dans des cas pareils, avaient été appelés par des femmes indigènes.

Lorsqu’aucun des moyens n’a réussi, les veuves enceintes prétextent un voyage ou un pèlerinage et s’en vont au loin faire leurs couches.

L’avortement était une pratique usuelle chez les femmes galantes de Rome, au temps d’Ovide. Ce poète consacre la 14e Élégie du Livre II des Amours à reprocher ce crime à sa maîtresse, Corine.

« Quoi, dit-il, de peur que les rides de ton ventre ne t’accusent, il faudra porter le ravage sur le triste champ où tu livras le combat ! Femmes, pourquoi portez vous dans vos entrailles des engins homicides ? Les tigresses ne sont pas si cruelles dans les autres de l’Hircanie, et jamais la bonne n’osa se faire avorter ; et ce sont de faibles et tendres beautés qui commettent ce crime, non pas toutefois impunément. Souvent celle qui étouffe son enfant dans son sein périt elle-même ; et, quand on emporte son cadavre encore tout échevelé, les spectateurs s’écrient : Elle a bien mérité son sort. »

N° 2. — Art d’aimer, Livre I. Ne doutez point que vous ne puissiez triompher de toutes les jeunes beautés ; à peine sur mille en trouverez vous une qui vous résistera. Celle qui se rend aisément, comme celle qui se défend, aiment également à être priées.

Si vous échouez, qu’avez-vous à craindre ? Mais pourquoi échoueriez-vous ? On se laisse prendre aux attraits d’un plaisir nouveau, et le bien d’autrui nous paraît toujours préférable au nôtre.

Vous verrez plutôt les oiseaux se taire au printemps, et les cigales en été, qu’une femme résister aux tendres sollicitations d’un jeune homme caressant. Celle même qui paraît insensible brûle de secrets désirs.

Si les hommes s’entendaient pour ne pas faire les premières avances, les femmes se jetteraient dans leurs bras toutes pâmées.

Entendez dans les molles prairies la génisse qui mugit d’amour pour le taureau, et la jument qui hennit à l’aspect de l’étalon vigoureux.