Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/24

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Ceux de Claudien, non moins enthousiastes, semblent insister particulièrement sur le nom, devenu commun, de Romani :

    Hæc est (Roma) in gremium victos quæ sola recepit,
    Humanumque genus communi nomine fecit.

Prudence s’écrie aussi :

                        Deus undique gentes
    Inclinare caput docuit sub legibus iisdem,
    Romanosque omnes fieri, quos Rhenus et Ister,
    Quos Tagus aurifluus, quos magnus inundat Iberus….
    Jus fecit commune pares et nomine eodem
    Nexuit et domitos fraterna in vincla redegit.

Combien ces éloges étaient exagérés, combien il s’en fallait que le genre humain tout entier fût entré dans l’orbis Romanus, c’est ce dont furent témoins les auteurs mêmes de ces vers : la cité universelle fut détruite au moment où l’on en célébrait l’achèvement, et la distinction entre Romains et Barbares, au lieu d’exprimer un rapport de supériorité du premier au second terme, prit bientôt la signification inverse.

Cette distinction, antérieure à l’établissement des Germains dans les provinces romaines de l’Occident, persista après cet établissement ; elle fut la même dans tous les pays où il eut lieu. Les envahisseurs étrangers étaient désignés sous le nom générique de Barbari ; ils l’acceptaient d’ailleurs eux-mêmes[1], et ne trouvaient pas mauvais que les Romains qu’ils chargeaient d’écrire leurs lois et leurs ordonnances en latin le leur attribuassent. Toutefois ce nom n’apparaît que d’une façon exceptionnelle, et d’ordinaire quand il s’agit de désigner l’ensemble des tribus germaniques. Ces tribus n’avaient point alors de nom commun par lequel elles pussent exprimer leur nationalité col-

  1. Il est à remarquer qu’en cela ils faisaient simplement ce qu’avaient fait jadis les Romains, qui, traités de Βἁρβαροι par les Grecs, n’éprouvaient aucun embarras à se qualifier eux-mêmes ainsi. Plus tard, les Romains se joignirent aux Grecs et regardèrent comme barbare tout ce qui n’était pas Grec ou Romain ; mais les Grecs les appelèrent longtemps encore Βἁρβαροι ; plusieurs d’entre eux persistaient à les traiter ainsi même à l’époque impériale.