Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/40

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coup de bras. Le propriétaire tirait ainsi de son domaine un double revenu, d’une part les récoltes et les fruits de la portion réservée, de l’autre les redevances et rentes des tenanciers. Son régisseur ou son intendant, procurator, actor ou villicus, administrait et surveillait les deux portions également ; des tenures, il recevait les redevances ; sur la part réservée, il dirigeait les travaux de tous.

Ce domaine… était couvert aussi d’autant de constructions qu’il en fallait pour la population et pour les besoins divers d’un village. On comprend qu’aucune description précise n’est possible. Nous voyons seulement qu’on y distinguait trois sortes de constructions bien différentes : 1º la demeure du propriétaire ; 2º les logements des esclaves, avec tout ce qui servait aux besoins généraux de la culture ; 3º les demeures des petits tenanciers.

Au sujet de ces dernières, nous savons fort peu de chose ; les écrivains anciens ne les ont jamais décrites. Tantôt ces demeures étaient isolées les unes des autres, chacune d’elles étant placée sur le lot de terre que l’homme cultivait…. Tantôt elles étaient groupées entre elles et formaient un petit hameau que la langue appelait vicus. Sur les domaines les plus grands on pouvait voir, ainsi que le dit Julius Frontin, une série de ces vici qui faisaient comme une ceinture autour de la villa du maître.

Cette villa se divisait toujours en deux parties nettement séparées, que la langue distinguait par les expressions villa urbana et villa rustica. La villa urbana, dans un domaine rural, était l’ensemble des constructions que le maître réservait pour lui, pour sa famille, pour ses amis, pour toute sa domesticité personnelle. Quant à la villa rustica, elle était l’ensemble des constructions destinées au logement des esclaves cultivateurs ; là se trouvaient aussi les animaux et tous les objets utiles à la culture.

Varron, Columelle et Vitruve ont décrit cette villa rustique. Elle devait contenir un nombre suffisant de petites chambres, cellæ, à l’usage des esclaves ; et ces chambres devaient être, autant que possible, « ouvertes au midi ». Pour les esclaves paresseux ou indociles, il y avait l’ergastulum ; c’était le sous-sol. Il devait être éclairé par des fenêtres assez nombreuses