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PRÉFACE



Un des principaux devoirs de notre époque est de résumer et de coordonner les travaux considérables que lui a légués le génie des découvertes, dans la science comme dans l’histoire. Grâce à quelques hommes supérieurement doués, poëtes et philologues à la fois, l’Orient nous a ouvert les trésors de sa pensée, et nous a permis de jeter, en arrière, un coup d’œil d’une portée qui n’avait jamais été atteinte. L’étude régularisée du sanscrit, du zend, du copte et du groupe des langues sémitiques a reculé les bornes de l’histoire, ou plutôt a éclairé et peuplé des espaces qu’on croyait obscurs et vides. De même que des voyageurs intelligents et hardis ont rencontré des tribus nombreuses, agricoles ou pastorales, au centre de l’Arabie qu’on désignait jadis comme une contrée improductive et désolée, et nous ont révélé le Nedjed, cet oasis prolongé entre deux déserts ; de même des nations qu’on croyait perdues dans les âges, sans annales, sans poésie, presque sans langue, ont émergé tout à coup avec leur antiquité fabuleuse, leurs légendes innombrables, leurs poëmes magnifiques, leurs efforts miraculeux dans le développement de l’intelligence et de la civilisation. L’histoire change d’aspect, et l’esprit de l’homme s’agrandit dans le passé. Il est temps de modifier l’enseignement général, et de vulgariser au profit de tous ces documents précieux qui rendent à nos premiers ancêtres leur place distincte et leur gloire littéraire. La publication importante qui s’entreprend, répond à ce besoin nouveau.

On sait que pour les Romains il n’existait au monde qu’une cité, Rome, et des barbares conquis ou à conquérir. Les Grecs, sauf quelques annalistes et