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[Lect. II.]
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RIG-VÉDA. — SECTION TROISIÈME.

les ressources de l’abondance. Céleste bienfaiteur, tu es juste et fort. Ô Maghavan, toi qui donnes un lait (divin), ne nous oublie pas.

22. Appelons à notre secours, au sein de ce sacrifice, le grand et magnifique Indra, le plus noble des héros au milieu du combat, aussi clément que terrible, vainqueur de ses ennemis sur le champ de bataille et couvert de leurs dépouilles.


HYMNE II.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Le sage, père (d’Ilâ)[1], voulant produire celui qui fait l’éclat du sacrifice, a dit : « Qu’Agni devienne par ma fille mon petit-fils ! » Et aussitôt dans le sein de cette fille, par la vertu d’un père aussi puissant, la libation est devenue féconde[2].

2. En effet, le vœu de la jeune mère n’a pas été trompé ; elle a conçu. Le maître a déposé en elle un germe fertile ; et si à l’un des auteurs de sa naissance[3] le pieux Agni doit la vie, à l’autre il doit ses formes splendides.

3. Agni est né ; il s’élève sous les effusions de la coupe (sacrée) ; il produit lui-même de brillants enfants[4]. Grande est cette famille, grand est son éclat, grand est son emploi dans les sacrifices d’Indra.

4. Les (troupes) victorieuses (des Marouts) se rassemblent autour (d’Indra), disposé à combattre. La nouvelle s’est répandue que le grand astre sortait des ténèbres. Les Aurores l’ont su, et elles accourent. Indra seul est le maître des vaches (célestes).

5. Les sept[5] sages ont, dans leur prudence, découvert que ces vaches étaient renfermées dans l’antre oriental. Leur pensée s’est tournée du côté (d’Indra). Ils ont suivi toute la voie du sacrifice, et (le dieu), connaissant leurs œuvres pieuses, a pénétré dans l’antre.

6. C’est Saramâ, qui, sachant que la montagne était brisée, a fait sortir l’antique (troupeau) qui nous donne la vie. C’est (Saramâ), pourvue de pieds légers[6], qui la première entendit le mugissement des (vaches) immortelles, et qui dirigea les recherches.

7. Le plus sage (des dieux) s’est présenté, jaloux de prouver son amitié. La montagne a ouvert son sein devant le héros bienfaisant. Le mortel (ennemi des Asouras), uni aux jeunes (Marouts), a distribué (aux hommes) ces riches dépouilles. Angiras[7] lui adresse un hommage (de reconnaissance).

8. Modèle et prince de tous les êtres, il connaît tout ce qui est né. Il a donné la mort à Souchna. Ami prudent et dévoué, du haut du ciel où il gouverne les vaches (divines), qu’il délivre ses amis de tout mal.

9. Les Angiras[8], dans leur désir d’obtenir les vaches (célestes), viennent s’asseoir (sur le cousa), chantent des hymnes, et font couler les libations immortelles. Ils reviennent souvent prendre leur place dans le sacrifice où chaque mois réclame leur offrande.

10. À la vue de ce lait que leur verse cette vache antique, et qu’ils ont obtenu par leurs œuvres, (les Angiras) ont tressailli de joie. Leurs chants ont amené la lumière qui éclaire le ciel et la terre, ont constitué le monde, et assuré aux hommes la jouissance des vaches (célestes).

11. Indra, le vainqueur de Vritra, accompagné des Marouts, et excité par les hymnes et les holocaustes, a formé les vaches (célestes). C’est pour lui[9] que la vache (du sacrifice), large et féconde, fait couler le miel savoureux du beurre consacré.

12. En l’honneur du bienfaisant (Indra) les pieux Angiras célèbrent avec pompe une grande et brillante fête. Assis (sur le cousa), ils couvrent d’une

  1. Le sacrificateur, qui dans le texte est appelé Pitâ (père), reçoit dans le commentaire le nom de Manou. Je crois que c’est une qualification générale ; il n’est pas moins vrai, selon moi, que l’idée contenue dans ce vers a donné naissance à la fable développée dans tous les Pourânas à l’occasion de Manou et de sa fille Ilâ : une idée analogue a également fait imaginer la fable de Brahmâ et de Saraswatî.
  2. C’est-à-dire, les libations jetées sur le foyer ont développé le feu du sacrifice.
  3. Le texte porte le mot mâtarah, qui est au pluriel, lorsqu’il devrait être au duel. Le père, c’est-à-dire le maître du sacrifice, enfante Agni en le tirant de l’Aranî et en le déposant sur le foyer : Ilâ, c’est-à-dire le foyer, le reçoit, le produit, le nourrit des libations, et forme ses rayons.
  4. Ainsi sont désignées les flammes.
  5. Voir pour le nombre 7, page 78, col. 1, note 2. Pour toute cette histoire je renvoie à la page 44, col. 1, note 7.
  6. Saramâ est appelée Soupadi (qui est douée d’un bon pied), soit qu’on fasse allusion aux pieds dont se composent les vers des hymnes, soit qu’on rappelle le pada ou pied, sur lequel est établi le foyer, ilâpada.
  7. Agni en sa qualité de sacrificateur.
  8. Les Angiras sont les prêtres, ou les Rites personnifiés : les vaches sont ici les rayons de la lumière céleste.
  9. Le commentateur croit que le sacrifice se fait non pour Indra, mais pour le Déva qui l’offre.