Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/16

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Nous reconnaissons volontiers que, dans cette manière de voir, tout n’est pas faux. — L’immense majorité des écrits sur la méthode d’investigation en histoire et sur l’art d’écrire l’histoire — ce que l’on appelle, en Allemagne et en Angleterre, l’Historik — sont superficiels, insipides, illisibles, et il en est de ridicules[1]. D’abord, ceux qui sont antérieurs au xixe siècle, analysés à loisir par P.-C.-F. Daunou dans le tome VII de son Cours d’études historiques[2], sont presque tous de simples traités de rhétorique, dont la rhétorique est surannée, où l’on discute avec gravité les problèmes les plus

    de deux imbéciles, qui, entre autres projets, forment celui d’écrire l’histoire. Pour les aider, un de leurs amis leur envoie (p. 156) « des règles de critique prises dans le Cours de Daunou », savoir : « Citer comme preuve le témoignage des foules, mauvaises preuves ; elles ne sont pas là pour répondre. — Rejeter les choses impossibles : on fit voir à Pausanias la pierre avalée par Saturne. — Tenez en compte l’adresse des faussaires, l’intérêt des apologistes et des calomniateurs. » L’ouvrage de Daunou contient quantité de truismes aussi patents et plus comiques encore que ceux-là.

  1. R. Flint (o. c., p. 15) se félicite de n’avoir pas à étudier la littérature de l’Historic, car « a very large portion of it is so trivial and superficial that it can hardly ever have been of use even to persons of the humblest capacity, and may certainly now be safely consigned to kindly oblivion ». Néanmoins, R. Flint a donné dans son livre une liste sommaire des principaux monuments de cette littérature dans les pays de langue française, depuis l’origine. Un aperçu plus général et plus complet (bien que très sommaire encore) de cette littérature dans tous les pays est fourni par le Lehrbuch der historischen Methode, de E. Bernheim (Leipzig, 1894, in-8), p. 143 et suiv. — Flint (qui a connu quelques ouvrages inconnus à Bernheim) s’arrête à l’année 1893, Bernheim à l’année 1894. Depuis 1889, on trouve dans les Jahresberichte der Geschichtswissenschaft un compte rendu périodique des écrits récents sur la méthodologie historique.
  2. Ce tome VII a été publié en 1844. Mais le célèbre Cours de Daunou fut professé au Collège de France de 1819 à 1830.