Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cocasses[1]. Daunou les raille agréablement, mais il n’a fait preuve lui-même que de bon sens dans son monumental ouvrage, qui, aujourd’hui, ne paraît guère meilleur, et n’est certainement pas plus utile, que les productions anciennes[2]. Quant aux modernes, il est très vrai que tous n’ont pas su éviter les deux écueils du genre : obscurité, banalité. Le Grundriss der Historik de J. G. Droysen, traduit en français sous le titre de Précis de la science de l’histoire (Paris, 1888, in-8), est lourd, pédantesque et confus au delà de ce que l’on peut imaginer[3]. MM. Freeman, Tardif, Chevalier ne

  1. Les Italiens de la Renaissance (Mylæus, Francesco Patrizi, etc.), et les auteurs des deux derniers siècles après eux, se demandent quels sont les rapports de l’histoire avec la dialectique et avec la rhétorique ; à combien de lois le genre historique est assujetti ; s’il est convenable que l’historien rapporte les trahisons, les lâchetés, les crimes, les désordres ; si l’histoire peut s’accommoder d’un autre genre que du sublime, etc. — Les seuls livres sur l’Historik, publiés avant le xixe siècle, qui accusent un effort original pour aborder les vrais problèmes sont ceux de Lenglet du Fresnoy (Méthode pour étudier l’histoire, Paris, 1713) et de J. M. Chladenius (Allgemeine Geschichtswissenschaft, Leipzig, 1752). Celui de Chladenius a été signalé par E. Bernheim (o. c., p. 166).
  2. Il n’y fait même pas toujours preuve de bon sens, car on lit dans le Cours d’études historiques (VII, p. 105), à propos du traité De l’histoire, publié en 1670 par P. Le Moyne, ouvrage très faible, pour ne pas dire plus, où des traces de sénilité sont visibles : « Je ne prétends point adopter toutes les maximes, tous les préceptes que ce traité renferme ; mais je crois qu’après celui de Lucien c’est le meilleur que nous ayons rencontré ; et je doute fort qu’aucun de ceux dont il nous reste à prendre connaissance s’élève au même degré de philosophie et d’originalité ». Le P. H. Chérot a jugé plus sainement le traité De l’histoire, dans son Étude sur la vie et les œuvres du P. Le Moyne, Paris, 1887, in-8, p. 406 et suiv.
  3. E. Bernheim déclare cependant (o. c., p. 177) que cet opuscule est le seul, à son avis, qui « auf der jetzigen Höhe der Wissenschaft steht ».