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de la côte californienne du Pacifique, H. H. Bancroft, se proposa de recueillir les matériaux d’une histoire dont quelques acteurs vivaient encore, il n’épargna rien, il mobilisa une armée de reporters, pour leur soutirer des conversations[1]. — Mais s’agissait-il d’événements anciens, qu’aucun homme vivant n’avait pu voir et dont la tradition orale n’avait gardé aucun souvenir ? Il n’y avait pas d’autre moyen que de réunir des documents de toute sorte, principalement des écrits, relatifs au passé lointain dont on s’occupait. C’était difficile, alors que les bibliothèques étaient rares, les archives secrètes et les documents dispersés. H. H. Bancroft, qui s’est trouvé à cet égard, vers 1860, en Californie, dans la situation où les premiers chercheurs se sont trouvés, autrefois, dans nos contrées, s’en est tiré comme il suit. Il était riche : il a râflé, à n’importe quel prix, tous les documents à vendre, imprimés ou manuscrits ; il a négocié avec des familles et des corporations dans la gêne l’achat de leurs archives ou la permission d’en faire prendre copie par des copistes à ses gages. Cela fait, il a logé sa collection dans un bâtiment ad hoc, et il l’a classée. Théoriquement, rien de plus rationnel. Mais cette procédure rapide, à l’américaine, n’a été employée qu’une fois avec l’esprit de suite et les ressources qui en ont assuré le succès ; ailleurs et en d’autres temps elle n’eût pas, du reste, été de mise. Ailleurs, les choses ne se sont pas, malheureusement, passées ainsi.

À l’époque de la Renaissance, les documents de l’histoire ancienne et de l’histoire du moyen âge étaient dispersés dans d’innombrables bibliothèques privées et

  1. Voir Ch.-V. Langlois, H. H. Bancroft et Cie, dans la Revue universitaire, 1894, I, p. 233.