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la fastidieuse rédaction d’un catalogue après ses recherches personnelles. Qui est-ce qui, de nos jours, a découvert, publié, commenté le plus grand nombre de documents ? Ce sont les fonctionnaires attachés aux dépôts de documents. L’avancement de l’inventaire général des documents historiques en a été, sans doute, retardé. Il s’est trouvé que ceux-là précisément étaient le mieux en mesure de se passer d’inventaires dont le devoir professionnel était d’en faire.

Les conséquences de l’imperfection des inventaires descriptifs sont dignes d’attention. — D’une part, on n’est jamais certain d’avoir épuisé toutes les sources d’information : qui sait ce que tiennent en réserve les dépôts et les fonds non catalogués[1] ? D’autre part, on

  1. H. H. Bancroft a, dans ses Mémoires intitulés : Literary industries (New York, 1891, in-16), analysé assez finement quelques conséquences pratiques de l’imperfection des procédés de recherche. « Supposons, dit-il, qu’un écrivain industrieux prenne la résolution d’écrire l’histoire de la Californie. Il se procure aisément quelques livres, les lit, prend des notes ; ces livres le renvoient à d’autres, qu’il consulte dans les dépôts publics de la ville qu’il habite. Quelques années se passent ainsi, au bout desquelles il s’aperçoit qu’il n’a pas sous la main la dixième partie des sources ; il fait des voyages, il entretient des correspondances, mais, désespérant finalement d’épuiser la matière, il console son orgueil et sa conscience par cette réflexion qu’il a beaucoup fait ; que la plupart des documents qu’il n’a pas pu consulter sont probablement peu importants, comme beaucoup d’autres qu’il a consultés sans profit. Quant aux journaux et aux myriades de rapports officiels du gouvernement des États-Unis qui tous contiennent cependant des faits intéressants pour l’histoire californienne, il n’a pas même songé, s’il est sain d’esprit, à les explorer d’un bout à l’autre ; il en a feuilleté quelques-uns, voilà tout ; il sait bien que chacun de ces champs de recherche réclamerait le travail de plusieurs années, et que s’imposer de les parcourir tous, ce serait se condamner à des corvées écœurantes, dont il ne verrait jamais la fin. En ce qui concerne les témoignages oraux et les manuscrits, il attrapera quelques anecdotes inédites, au hasard des conversations ; il obtiendra com-