Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/40

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est obligé, pour se procurer autant d’informations que possible, d’avoir une connaissance approfondie des ressources que fournit la littérature actuelle de l’Heuristique, et de consacrer beaucoup de temps aux recherches préliminaires. — En fait, quiconque se propose de recueillir des documents pour traiter un point d’histoire, commence par consulter les répertoires et les inventaires[1]. Les novices procèdent à cette opération capitale avec une maladresse, une lenteur et des efforts qui excitent chez les personnes expérimentées, suivant leur tempérament, le sourire ou la compassion. Ceux qui sourient en voyant les novices patauger, et peiner, et perdre du temps à se débrouiller au milieu des inventaires, en négliger de précieux et en dépouiller d’inutiles, se disent qu’eux-mêmes ont passé jadis par des épreuves analogues : chacun son tour. Ceux qui voient avec regret ce gaspillage de temps et de forces pensent que, s’il est, jusqu’à un certain point, inévitable, il n’a rien de bienfaisant : ils se demandent s’il n’y aurait pas moyen de rendre un peu moins rude cet

    munication, sous le manteau, de quelques papiers de famille ; il utilisera tout cela dans les notes et dans les pièces justificatives de son livre. Il piquera çà et là quelques documents curieux aux Archives de l’État, mais, comme il faudrait quinze ans pour dépouiller l’ensemble des collections de ce dépôt, il se contentera naturellement de butiner. Puis, il écrit. Il se garde bien d’avertir le public qu’il n’a pas vu tous les documents ; il met au contraire en relief ceux qu’il a réussi à se procurer, par vingt-cinq années de labeur incessant… »

  1. Quelques-uns se dispensent de recherches personnelles en s’adressant aux fonctionnaires chargés de l’administration des dépôts de documents ; ce sont alors ces fonctionnaires qui font, à la place du public, les recherches indispensables. Cf. Bouvard et Pécuchet, p. 158. Bouvard et Pécuchet se proposent d’écrire la vie du duc d’Angoulême ; à cet effet, « ils résolurent de passer quinze jours à la bibliothèque municipale de Caen pour y faire des recherches. Le bibliothécaire mit à leur disposition des histoires générales et des brochures… »