Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/51

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ligne « les chefs-d’œuvre de la poésie épique », car « ce sont les poètes qui ont créé l’art de raconter, et qui ne l’a point appris d’eux ne le sait qu’imparfaitement ». Lire aussi les romanciers, les romanciers modernes : « ils enseigneront à situer les faits et les personnages, à distribuer les détails, à conduire habilement le fil des narrations, à l’interrompre, à le reprendre, à soutenir l’attention des lecteurs par une inquiète curiosité ». Enfin lire les bons livres d’histoire : « Hérodote, Thucydide, Xénophon, Polybe et Plutarque entre les Grecs ; César, Salluste, Tite-Live et Tacite, chez les Latins ; et parmi les modernes, Machiavel, Guichardin, Giannone, Hume, Robertson, Gibbon, le cardinal de Retz, Vertot, Voltaire, Raynal et Rulhière. Je n’entends point exclure les autres, mais ceux-là suffiraient pour donner tous les tons qui peuvent convenir à l’histoire ; car il règne, entre leurs écrits, une grande diversité de formes. » — En second lieu, études philosophiques : avoir approfondi « l’idéologie, la morale et la politique ». « Quant aux ouvrages où peuvent se puiser les connaissances de cet ordre, Daguesseau nous a indiqué Aristote, Cicéron, Grotius : j’y joindrais les meilleurs moralistes anciens et modernes, les traités d’économie publique publiés depuis le milieu du dernier siècle, ce qu’ont écrit sur l’ensemble, les détails ou les applications de la science politique Machiavel, Bodin, Locke, Montesquieu, Rousseau, Mably même, et les plus éclairés de leurs disciples et de leurs commentateurs. » — En troisième lieu, avant d’écrire l’histoire, « il faut apparemment qu’on la sache ». « On n’enrichira point ce genre d’instruction si l’on ne commence par le posséder tel qu’il existe. » Le futur historien a déjà lu les meilleurs livres d’histoire et il les a étudiés comme des modèles