Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nées en habitude et celles qui peuvent rester à l’état de renseignements en provision virtuelle. Un médiéviste doit savoir lire et comprendre les textes du moyen âge ; il ne lui servirait à rien d’entasser dans sa mémoire la plupart des faits particuliers d’Histoire littéraire et de Diplomatique qui sont consignés, à leur place, dans les bons Manuels-répertoires d’« Histoire littéraire » et de « Diplomatique ».

Enfin, il n’existe point de connaissances auxiliaires de l’Histoire (ni même des recherches historiques) en général, c’est-à-dire qui soient utiles à tous les travailleurs, à quelque partie de l’histoire qu’ils travaillent[1].

  1. Cela n’est vrai que sous le bénéfice d’une réserve ; car il existe un instrument de travail indispensable à tous les historiens, à tous les érudits, quel que soit le sujet de leurs études spéciales. L’histoire, du reste, est ici dans le même cas que la plupart des autres sciences : tous ceux qui font des recherches originales, en quelque genre que ce soit, ont besoin de savoir plusieurs langues vivantes, celles des pays où l’on pense, où l’on travaille, et qui sont à la tête, au point de vue scientifique, de la civilisation contemporaine.
       De nos jours, la culture des sciences n’est plus confinée dans un pays privilégié, ni même en Europe. Elle est internationale. Tous les problèmes, les mêmes problèmes, sont simultanément à l’étude partout. Il est difficile aujourd’hui, il sera impossible demain, de trouver des sujets que l’on puisse traiter sans avoir pris connaissance de travaux en langue étrangère. Dès maintenant, pour l’histoire ancienne, grecque et romaine, la connaissance de l’allemand est presque aussi impérieusement requise que celle du grec et du latin. Seuls, des sujets d’histoire étroitement locale sont encore accessibles à ceux auxquels les littératures étrangères sont fermées. Les grands problèmes leur sont interdits, pour cette raison misérable et ridicule qu’ils sont, en présence des livres publiés sur ces problèmes en toute autre langue que la leur, devant des livres scellés.
       L’ignorance totale des langues qui ont été jusqu’à présent les langues ordinaires de la science (allemand, anglais, français, italien) est une maladie qui devient, avec l’âge, incurable. Il ne serait pas excessif d’exiger de tout candidat aux professions scientifiques qu’il fût au moins trilinguis, c’est-à-dire qu’il com-