657. — De la disjonction. La disjonction est une figure qui, pour donner plus de rapidité à l’expression, supprime tnutes les particules copulatives* entre les mots remplissant la même fonction grammaticale.
Ex. : Français, Anglais, Lorrains, que la fureur rassemble,
Avançaient, combattaient, frappaient, mouraient ensemble.
(Voltaire*.)
— Le faux est toujours fade, ennuyeux, languissant.
(BOILEAU*.)
658. — On appelle figures de pensées celles qui existent indépendamment des mots et qui tiennent au fond même de l'idée.
Les principales figures de pensées sont : la comparaison, dont il a été parlé plus haut (p. 245), l'accumulation, la définition, la description, l'ironie, l'antithêse, l'allusion, la gradation, la prétérition, la réticence, la suspension, la périphrase, l'hyperbole, la déprécation, l'imprécation, l'exclamation, l'apostroplie et la prosopopée.
659. — De l’accumulation. L'accumulation est une figure qui consiste à grouper, en leur donnant une forme similaire, tous les détails dans lesquels peut se décomposer une pensée principale.
L’exemple de conjonction cité plus haut (§ 636) est aussi un exemple d’accumulation.
660. — De la définition. La définition oratoire diffère entièrement de la définition philosophique. Tandis que cette dernière se borne à l’énumération des attributs essentiels de la chose définie, la première, entrant dans les détails, en expose la nature, les propriétés, les accidents même, en donnant au tout une forme aussi attrayante que possible.
On peut citer comme exemple de définition oratoire ce portrait de l’ambitieux par Bourdaloue :
« Quelle idée formez-vous d’un ambitieux préoccupé du désir de se faire grand ? Si je vous disais que c’est un homme ennemi par profession de tous les autres hommes (j’entends de tous ceux avec qui il peut avoir quelque rapport d’intérêt); un homme à qui la prospérité d’autrui est un supplice; qui ne peut voir le mérite, en quelque sujet qu’il se rencontre, sans le haïr et sans le combattre; qui n’a ni loi ni sincérité; toujours prêt, dans la concurrence, à trahir l’un, à supplanter l’autre, à décrier celui-ci, à perdre celui-là, pour peu qu’il espère d’en profiter; qui, de sa grandeur
