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DU NOM OU SUBSTANTIF. 29

demie, ne laisse pas que d’étonner, si l’on tient compte du sens des noms composés. Il paraît évident, en effet, que les mots couvre-pied, chasse-mouche, porte-cigare, casse-noisette, devraient prendre un s au singulier comme au pluriel, et, dans la pratique, ce ne serait pas une faute de les écrire ainsi. — Il convient toutefois de faire remarquer que plus l’emploi d’un mot est fréquent, plus il tend à perdre son sens originel. C’est ainsi qu’on écrit : un portefeuille, des portefeuilles ; un pourboire, des pourboires.

Il en est de même de pourparler, de contrevent, de parapluie, de passeport, de acompte, de à-coup, de blanc-seing, tous mots composés auxquels on applique la règle ordinaire du singulier et du pluriel 1.


Remarques sur les noms composés.


89. — I. L’orthographe que les grammairiens contemporains ont adoptée pour les noms composés diffère fréquemment de celle que l’on trouve dans les auteurs, et qui seule doit faire autorité.

II. Lorsque dans un substantif composé il entre un mot qui aujourd’hui ne s’emploie plus isolément, on traite ce mot comme un adjectif. Ainsi : loup-cervier, loup-garou, pie-grièche, ortie-griéche, s’écrivent au pluriel loups-cerviers, loups-garous, pies-griéches, orties-grièches.

III. Les substantifs composés masculins dans lesquels entre l’adjectif grand, comme grand-pére, grand-oncle, etc., font au pluriel grands-pères, grands-oncles, etc , d’après la règle. Pour les féminins grand’mère, grand’tante, où grand est une ancienne forme féminine (§ 120), on écrit au pluriel des grand’mères, des grand’tantes. C’est une anomalie due à l’emploi abusif de l’apostrophe.


PLURIEL DES NOMS EMPRUNTÉS AUX LANGUES ÉTRANGÈRES


90. — Les noms étrangers, introduits en français avec leur physionomie originelle et fréquemment employés, prennent un s au pluriel.

1. Une circulaire ministérielle rassure d’ailleurs à cet égard les jeunes gens qui préparent leurs examens : « Toutes les fois, dit-elle, que l’orthographe d’un mot sera controversée, le candidat bénéficiera du doute. »