Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 9, part. 3, J-K.djvu/306

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lyriques de Gœthe (Breslau, 1835): Grammaire italienne (Leipzig, 1844, 2 vol.) ; l’Orateur allemand (Leipzig, 1844) ; Comédies pour la jeunesse (Berlin, 1844-1849, 12 vol.) ; Télémaque et Nausicaa, poëme épique (Nuremberg, 1846) ; Declamatorium allemand (1850-1851, 3e édit.), recueil de morceaux oratoires ; le Chant du cygne de plusieurs poëtes célèbres (Tubingue, 1853) ; Frauenlob, recueil de sonnets (1853) ; des drames : Mirza, Dorothée, le Pauvre Henri, Iphigénie à Delphes, etc. Enfin, M. Kannegiesser a donné des dissertations pédagogiques et littéraires et de nombreuses traductions d’ouvrages anciens et modernes : les Œuvres dramatiques de Beaumont et Fletcher (1808) ; la Divine comédie et les Poésies lyriques, de Dante (1809-1827) ; les Odes, d’Horace (1821), d’Anacréon et de Sapho (1827) ; un grand nombre d’écrits divers de Leopardi, de Silvio Pellico, de Byron, de Mme de Staël, de Mickiewicz, d’Œrsted, de Bernhard, des Poésies des troubadours (1852), etc.

KANNO, l’être suprême chez les nègres de la côte de la Malaguette. D’après eux, il est le créateur de toutes choses et la souche de tous les biens ; mais ils ne lui accordent pas une existence éternelle. Il doit avoir pour successeur un autre dieu, chargé de punir le crime et de récompenser la vertu.

KANNSTADT, KANSTADT ou CANNSTADT, ville du Wurtemberg, cercle du Neckar, à 4 kilom. E. de Stuttgard, sur le chemin de fer de Stuttgard à Ulm ; 6,000 hab. Teintureries importantes ; commerce actif. Aux environs, débris d’antiquités romaines. Cette ville est célèbre par ses eaux minérales, fréquentées par un grand nombre de malades. Victoire de Moreau sur l’archiduc Charles, en 1796. Les eaux thermales, chlorurées, sodiques, ferrugineuses et gazeuses de Kannstadt émergent par 33 sources d’un terrain dont le fond parait être du muschelkalk recouvert de boues, de tourbes, d argiles, de marnes, d’un conglomérat siliceux et de lehm. Leur densité varie de 1,0058 à 1,0063 et leur température de 15° à 21°,5.

« C’est, dit M. Armand Rotureau dans son bel ouvrage : Des principales eaux minérales de l’Europe ; c’est une catastrophe qui a donné naissance à une partie des sources de Kunnstadt et qui, par suite, a fait la prospérité de cette ville comme station minérale. Le tremblement de terre qui, en 1755, détruisit Lisbonne, eut son contre-coup en Allemagne, et fit jaillir, des terrains volcaniques des bords du Neckar, de nouvelles sources. »

KANO ou GHANAT, ville de l’Afrique centrale, capitale du pays de Haoussa, à 150 kilom. S.-E. de Cachena, par 12° de latit. N. et 7° de longit. E. ; 60,000 hab., dont plus de la moitié sont esclaves, sans compter les étrangers. Fabriques de tissus de différentes qualités. Entrepôt du commerce de toute l’Atrique centrale ; marchés quotidiens bien pourvus en articles d’Europe et en produits de la contrée, tels que bracelets en cuivre, étain, antimoine, verroterie, corail, ambre, bagues, étoffes de laine, châles, toiles de coton, toiles de lin d’Egypte, etc. Il y a des quartiers distincts pour la vente des bestiaux, des céréales et des végétaux. Les étrangers s’y rendent en grand nombre des bords de la Méditerranée, des montagnes de la Lune, du Sennaar et de l’Achantis. Kano forme un ovale irrégulier d’environ 20 kilom. de tour. Un grand marais, qui la coupe à l’E. et à l’O. et que traverse une langue de terre où se tient le marché, contribue à la rendre malsaine. Les maisons sont disposées par petits groupes et éloignées des murs de la ville. Le marché se compose d’échoppes construites en bambou et disposées de manière à former des rues. Chaque jour, ce marché est encombré de monde du matin au soir. Il y a des quartiers distincts pour la vente des bestiaux, des céréales et des végétaux. Le marché aux esclaves se tient sous deux hangars, l’un pour les hommes et l’autre pour les femmes. Les esclaves mâles sont employés comme charpentiers, maçons, forgerons, tisserands, tailleurs, cordonniers ; les esclaves femelles sont occupées à filer, à faire le pain. Les environs de la ville sont bien cultivés en coton, tabac, indigo et céréales ; ils sont plantés de figuiers et de dattiers.

KANO, le dieu des eaux, le créateur du soleil et de la lune, d’après les bouddhistes du Japon. Cette divinité est représentée sortant avec quatre bras de la gueule d’un cétacé.

KANOBIN, bourg de la Turquie d’Asie. V. Canubin.

KANODJE ou CANOUGE, ville de l’Indoustan anglais, dans la résidence du Pendjab, à 190 kilom. E. d’Agra, sur le Cally-Neddy et près du Gange, avec lequel elle communique par un canal. C’était jadis une des places les plus florissantes de l’Inde, et elle est regardée par quelques auteurs comme la Catinapaxa de Pline. En 1018, elle se soumit à Mahmoud le Gaznévide, après la mort duquel les radjahs de Delhi la saccagèrent. Elle fut encore dèvastée par les Mahrattes en 1761. Au milieu des ruines immenses qui l’entourent, on distingue la trace d’une longue rue de 9 kilom.

KANOLD (Jean), médecin allemand, né à Breslau en 1679, mort en 1729. Il lit ses études médicales à Halle, fut un des disciples distingués de Stahl, et soutint sous la présidence de ce dernier sa thèse de docteur en 1704. Aussitôt reçu, il rentra à Breslau pour se livrer à la pratique. Il fonda un recueil périodique avec quelques amis et le continua sans interruption jusqu’à sa mort. En 1719, il fut élu membre de l’Académie des curieux de la nature et collabora activement à ses travaux. Il mourut avant d’avoir pu faire paraître un manuscrit considérable sur la maladie pestilentielle qui régna de 1701 à 1716. Nous ne connaissons de lui que sa thèse inaugurale : De abortu et fœtu mortuo (Halle, 1704, in-4º).

KANOUN s. m. (ka-noun — mot. ar.). Mus. Sorte de harpe horizontale, dont l’usage est très-répandu chez les populations du nord de l’Afrique, principalement dans les villes, et qui présente la plus grande ressemblance avec le psaltérion de l’ancienne musique européenne.

KANSAS, un des Etats-Unis de l’Amérique septentrionale, entre le Nébraska au N., le Missouri à l’E., le territoire indien au S., et le Colorado à l’O. Ch.-l., Topeha. Superficie, 210,000 kilom. carr. ; 107,110 hab. Dans ce nombre, la population indigène figure pour 74,090 individus. La superficie de cet Etat forme un parallélogramme rectangle à peu près régulier. La partie occidentale est accidentée par les ramifications des montagnes Rocheuses et renferme de vastes pâturages et de magnifiques forêts. Le reste du pays forme de vastes plaines, très-favorables à l’agriculture, mais couvertes encore en grande partie, par d’immenses savanes et arrosées par de nombreux cours d’eau qui vont se jeter dans le Missouri. Les plus importantes de ces rivières sont la rivière Républicaine, le Smoky-Hill, dont la jonction forme le Kansas, l’Arkansas, la rivière Osage et le Néosko. Sauf dans quelques districts, le climat du Kansas est délicieux. La température est froide dans la partie S.-O. de l’Etat. A l’E., le climat est doux ; les pluies durent de mars à juin ; alors les ruisseaux se gonflent et la plaine est souvent couverte d’eau qui féconde la terre. L’automne est sec. Les principales productions du sol consistent en céréales, fruits, pommes de terre, café, tabac. Les forêts abondent en chênes, hêtres, sycomores, tilleuls, ormes, frênes, mûriers et cotonniers. De nombreux troupeaux de buffles paissent dans les plaines du centre ; les trappeurs y chassent des chevaux sauvages d’un grand prix.

Le pays, surtout à l’O., est en grande partie habité par des Indiens nomades, entre autres les Miamis, les Osages, les Arapahaes, les Dog-Eaters. La population coloniale prend tous les jours une plus grande extension, comme le prouvent les chiffres suivants : en 1810, la population d’origine européenne comptait au Kansas 20,845 hab. ; en 1840, 83,702 hab., et en 1860 un nombre beaucoup plus considérable encore. Le Kansas fut exploité pour la première fois, en 1719, par Dustine, voyageur français. En 1803, ce pays fit partie du territoire cédé par la France aux Etats-Unis. Détaché plus tard du territoire indien, il fut érigé en territoire spécial en 1854. En 1860, l’Union américaine l’a admis au rang d’Etat.

Le pouvoir exécutif est confié à un gouverneur et à un sous-gouverneur élus par le peuple pour deux ans. La législature est composée d’un sénat de 25 membres, élus pour deux ans, et d’une chambre de représentants de 75 membres élus annuellement.

Ajoutons, en terminant cette courte notice, que le vote de la constitution du Kansas, comme Etat, dans la session du congrès de 1857 à 1858, fut l’avant-coureur de la terrible guerre civile qui a désolé les Etats-Unis. Cette constitution, frauduleusement préparée par le parti esclavagiste, contenait quelques articles artificieusement conçus de façon à introduire forcément l’esclavage dans le nouvel Etat, en dépit de la répugnance des habitants. Les débats furent d’une violence extrême, mais le projet de constitution fut adopté par le congrès, grâce aux schisme qui se produisit au sein du parti démocratique. Quelques mois après, John Brown, citoyen du Kansas, payait de sa tête son héroïque dévouement à la cause de la liberté des nègres.

KANSAS, rivière des Etats-Unis d’Amérique, formée dans l’Etat du même nom par la réunion du Smoky-Hill et de la rivière Républicaine. Elle coule de l’O. À l’E., baigne Lecompton et se jette dans le Missouri après un cours de 600 kilom. Elle est navigable pour de gros bateaux sur une grande étendue. Les rives en sont généralement basses, couvertes de hautes herbes et sujettes aux inondations ; le sel y est en grande abondance, et sur plusieurs points les eaux en sont tellement imprégnées, qu’il est impossible de s’en servir.

KANSKI (Nicolas), publiciste polonais, né vers 1820. Il prit part en 1846 aux agitations de la Gallicie et fut condamné à dix-huit ans de carcere duro dans la forteresse de Kufstein. Gracié en 1848, il devint la même année député au Landtag de Vienne, se fit recevoir en 1850 docteur en droit à Cracovie, et, après avoir exercé quelque temps au barreau de cette ville, s’établit, comme avocat, à Tarnow. On a de lui : Causeries rustiques ou Conversation d’un juge de village avec ses voisins au sujet des idées d’aujourd’hui et de l’histoire de l’ancien temps (Vienne, 1848) ; Paroles de vérité adressées au peuple des campagnes (Vienne, 1848) ; De la peine de mort (Cracovie, 1850). Il a, en outre, collaboré à différents journaux et recueils littéraires polonais.

KAN-SOU, l’une des provinces septentrionales de la Chine propre, au N.-O., entre la Mongolie au N., dont la sépare la muraille de la Chine, le pays de Khou-Khou-Noor à l’O., les provinces de Szutchouan au S. et de Chen-Si à l’E. Superficie, 200,307 kilom- carr, ; 15,193,000 hab. Chef-lieu, Lan-Tchéou. Le Hoang-Ho, ou fleuve Jaune, est le seul cours d’eau remarquable de cette contrée, dont il parcourt le S.-E. La température est très-chaude en été, ce qui expose le pays à de grandes sécheresses. Le sol est très-fertile, mais les récoltes y sont souvent dévorées par les sauterelles. Les principales productions sont les grains et les légumes, le tabac, le chanvre ; les fruits sont de médiocre qualité. Les forêts fournissent de beaux bois de construction. Les montagnes renferment des mines d’or, de plomb et de houille ; il y a aussi des carrières de marbre, des sources de pétrole et des marais salants. On y élève beaucoup de bestiaux, notamment des chevaux vigoureux, quoique de petite taille, un grand nombre de mulets et de moutons. On y trouve le tigre, l’ours, des taureaux sauvages ; des daims et des cerfs en quantité, des zibelines et de très-grosses chauves-souris que les habitants mangent avec plaisir. L’industrie embrasse l’exploitation des mines, la fabrication des étoffes de laine, des serges, des tapis et du papier. Cette province fait avec le Mongol et le Thibet un commerce très-actif, principalement en grains, mulets, rhubarbe, musc, etc.

KANSOU-EL-GOURI, sultan d’Egypte, l’avant-dernier de la dynastie des mameluks circassiens, mort en 1516. Après avoir été esclave, comme tous les mameluks, il parvint à la dignité de lieutenant du sultan, et fut élevé lui-même au pouvoir après une révolte de la milice (1501). Il sut se maintenir en paix avec Bajazet, qui régnait à Constantinople, mais fut obligé de se défendre contre les attaques de son successeur, Selim 1er, qui convoitait l’Egypte, et perdit la vie dans une bataille près d’Alep (1516). Sa mort fut bientôt suivie de la conquête de l’Egypte par les Turcs Ottomans.

KANT (Emmanuel), célèbre philosophe allemand, fondateur de l’école idéaliste qui a gardé son nom, né à Kœnigsberg le 22 avril 1724, mort dans la même ville le 18 février 1804. Il était fils d’un sellier originaire d’Ecosse. Sa mère, presbytérienne, l’éleva dans les sentiments d’une piété rigide, ce qui n’était pas en désaccord avec le caractère du père de Kant, qui était, paraît-il, d’une rudesse antique. « Jamais, disait plus tard l’illustre philosophe, je n’ai vu ni entendu, dans la maison paternelle, rien qui ne fût d’accord avec l’honnêteté, la décence et la véracité. » Cette éducation influa sur toute la vie et même sur les idées de Kant. Il y puisa, d’une part, ce sens droit et cet amour de la sincérité qu’on remarque dans ses livres, et de l’autre, aussi, cette aspérité de forme qui distingue son style autant que ses mœurs. Il fréquenta de bonne heure les écoles de sa ville natale ; il suivait tous les cours avec la même assiduité. Les langues anciennes lui devinrent familières. Il ne les écrivit jamais avec élégance, mais il en connaissait la structure intime, et, quand il avait à rendre une idée, si abstraite qu’elle fût, l’expression ne lui manquait pas. L’histoire demeura pour lui, sinon un livre fermé, au moins une science dont il ne connut guère que les enseignements vulgaires. Il n’en fut pas de même des sciences naturelles, et surtout des mathématiques. L’étude des sciences exactes développa en lui ce genre d’imagination sèche qu’on appelle l’esprit d’abstraction, et qu’il pratiqua à un si haut degré. La plupart des philosophes éminents, Pythagore, Aristote, Platon, Pascal, Leibnitz, ont cultivé les sciences exactes avec succès. On n’est véritablement métaphysicien qu’à ce prix, et Kant ne démentit pas cette vieille habitude philosophique, Au sortir de l’adolescence, les mathématiques n’avaient plus pour lui de secrets. Il est vrai que, si ses connaissances étaient variées, elles étaient très-confuses. Le sentiment de cette confusion des sciences, qui n’était pas seulement dans son esprit, mais dans tous les esprits de son temps, lui inspira sans doute l’envie de ranger l’ensemble des connaissances humaines dans un ordre systématique. Il y a pour chaque époque une nécessité de ce genre. A mesure que les sciences se multiplient et agrandissent leur objet, il devient nécessaire de les rappeler à l’unité, si l’on veut empêcher le chaos d’envahir le domaine entier de nos connaissances. On était dans ce cas au xviiie siècle, surtout pour les sciences morales ; on se débattait entre une foule de systèmes contradictoires, l’idéalisme de Leibnitz, le panthéisme de Spinoza, le sensualisme de Locke, le scepticisme de Berkeley ; le désordre était au comble, Kant devait employer sa vie à tenter d’y substituer une synthèse destinée à remplacer celle d’Aristote, désormais hors de service. Les événements qui accompagnèrent l’accomplissement de cette entreprise constituent la biographie de l’auteur, qui n’en a pas d’autre que celle de ses idées. Il y a deux phases distinctes dans l’histoire des idées de Kant. L’une commence en 1746, date de sa première œuvre littéraire, et s’étend jusqu’à l’année 1781, où parut la Critique de la raison pure. C’est une période d’incubation, durant laquelle rien n’annonce encore la révolution que l’auteur provoquera bientôt sur le terrain de la science métaphysique. La seconde est caractérisée par l’exposition dogmatique et la défense du système auquel est resté attaché le nom de Kant ; elle se termine au moment de sa mort.

Dès qu’il eut obtenu le diplôme de maître des arts à l’université de Kœnigsberg, il résolut de se vouer à l’enseignement, et, après avoir passé quelque temps comme précepteur dans une famille, il fut attaché à l’université, en qualité de privat-docent (répétiteur), obtint bientôt la chaire de mathématiques (1770) qu’il échangea peu après contre celle de métaphysique, et devint dès lors le centre d’une école qui rayonna dans toute l’Allemagne. Toute sa vie s’écoula dans cette situation modeste, qu’il sut rendre éminente, et ce ne fut qu’en 1793 qu’il renonça à sa chaire, lorsqu’il se sentit trop affaibli par l’âge. La simplicité de cette existence, remplie par l’enseignement et les travaux du professeur, n’a laissé presque rien à dire aux biographes, en dehors de ce qui regarde les doctrines du philosophe et la manière dont elles s’enchaînèrent dans ce puissant esprit.

Kant n’arriva que par degrés à la formule définitive donnée par lui dans la Critique de la raison pure. Ses premiers essais d’une rénovation de la métaphysique remontent a 1755. On les trouve dans une dissertation intitulée : Principiorum primorum cognitionis metaphysiciæ dilucidatio (1755, in-4º). En 1770, sa théorie était presque formée, et l’opuscule intitulé : Prolégomènes de toute métaphysique qui s’élèverait au rang de science, en contient les principaux rudiments. Il l’affirma dans la Critique de la raison pure (Riga, 1781, in-8º), son ouvrage capital, dont nous avons rendu compte (v. critique), auquel il faut ajouter les Principes métaphysiques de la science et de la nature (1786). Mais il s’est aussi occupé de réédifier les sciences morales sur une nouvelle base. C’est l’objet de la Critique de la raison pratique (Riga, 1787, 1 vol. in-8º). Dans la Critique de la raison pure, il n’avait pas songé que l’homme n’est pas simplement un être qui raisonne, mais qu’il est surtout un être qui a des mœurs. On le lui avait reproché ; on l’accusait même d’être un athée de la pire espèce. Il essaye, dans la Critique de la raison pratique, d’échapper à sa propre théorie, et de reconstruire ce qu’il avait détruit au nom de la logique transcendante. C’est dans cet ouvrage qu’il a émis la théorie de l’impératif catégorique, théorie restée célèbre, et qui est une des bases de la morale de Kant (v. catégorique). L’auteur a cru devoir ensuite commenter ces deux traités fondamentaux dans deux opuscules postérieurs, intitulés, l’un : Base d’une métaphysique des mœurs (1784), et l’autre : Principes métaphysiques de la doctrine ou théorie de la vertu, (1797). La morale de Kant ayant été l’objet d’une critique savante et consciencieuse de la part du docteur Garve, qui avait jugé son adversaire tres-sévèrement, l’auteur lui répondit une première fois dans ses Principes métaphysiques du droit, et ensuite dans un opuscule ayant pour titre : Sur le dicton : Cela peut être juste en théorie, mais c’est sans utilité pratique (1793).

Outre ces ouvrages on doit encore à Kant : Critique du jugement (Libau, 1790, 1 vol. in-8º) ; la Religion d’accord avec la raison (Kœnigsberg, 1793, 1 vol. in-8º) ; Principes métaphysiques du droit (1796, 1 vol. in-8º) ; Essai philosophique sur La paix perpétuelle (Kœnigsberg, 1795, 1 vol. in-8º) ; Essai d’anthropologie, rédigé dans des vues pragmatiques [lisez pratiques] (Kœnigsberg, 1788, 1 vol. in-8º). Ce sont des appendices ou des commentaires de ses deux grands traités : la Critique de la raison pure et la Critique de la raison pratique.

Il a de plus publié, à diverses époques, quelques opuscules, au nombre de vingt-cinq, la plupart étrangers à son système. Les principaux sont : Pensées sur la véritable évaluation des forces vives et critique des démonstrations employées par Leibnitz et d’autres mathématiciens dans cette matière (1746, 1 vol. in-8º) ; Histoire naturelle du monde et théorie du ciel d’après les principes de Newton (1755, 1 vol. in-8º) ; Théorie des vents (1756, 1 vol. in-4º) ; Nouvelle théorie du mouvement et du repos des corps, avec un Essai de son application aux éléments de la physique (1758, vol. in-4º) ; Essai sur les quantités négatives en philosophie (1763, 1 vol. in-8º) ; De la fausse subtilité des quatre figures du syllogisme (1762, 1 vol. in-8º) ; Seule base possible pour établir solidement une démonstration de l’existence de Dieu (1763, 1 vol. in-8º) ; Considérations sur l’idée du beau, et du sublime (1771, 1 vol. in-8º) ; Sur les races diverses de l’espèce humaine (1775, 1 vol. in-8º). Kant a aussi inséré un grand nombre d’articles de circonstance dans des recueils périodiques.

Le philosophe de Kœnigsberg n’atteignit l’apogée de sa réputation qu’à l’entrée de la vieillesse, et dut sans doute à son obscurité relative, comme à la modicité de ses goûts et de sa fortune, la tranquillité de ses