Page:Lassaigne - Études des effets et des avantages du tondage chez nos grands animaux domestiques.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

thése que nous résumerons dans ce court, mais sublime passage du célèbre Buffon[1] :

« L’homme, a-t-il dit, change l’état naturel des animaux en les forçant à lui obéir, en les faisant servir à son usage ; un animal domestique est un esclave dont on s’amuse, dont on se sert, dont on abuse, qu’on altère, qu’on dépayse et que l’on dénature ; tandis que l’animal sauvage, n’obéissant qu’à la nature, ne connaît d’autres lois que celles du besoin et de la liberté. » « La domesticité des animaux, ajoute-t-il plus loin, est si universelle que nous les voyons rarement dans leur état naturel : ils sont toujours couverts de harnais dans leurs travaux ; on ne les délivre jamais de tous leurs liens même dans les temps de repos ; et si on les laisse quelquefois errer en liberté dans les pâturages, ils y portent toujours les marques de la servitude, et souvent les empreintes cruelles du travail et de la douleur. »

Elle est donc bien grande et bien puissante l’influence de l’esclavage ou de la domesticité sur nos animaux : grands, par conséquent, doivent être les soins que l’homme doit apporter à combattre les conséquences fâcheuses qui forcément doivent en résulter. C’est ainsi que la tonte, inutile chez nos animaux sauvages chez lesquels toutes les fonctions, et celles de la peau en particulier s’exercent d’une manière lente et régulière, est devenue une nécessité pour les espèces domestiques, qui, soumises à un travail forcé, ou à des alternatives irrégulières de travail et de repos qui rendent les fatigues d’autant plus sensibles, sont exposées à des arrêts de transpiration pouvant devenir le point d’affections morbides très graves.

Cette circonstance, si fâcheuse en résultats, est surtout à

  1. Histoire naturelle des quadrupèdes.