Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/142

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En conséquence, un panier fut placé aux pieds du roy, chacun y vint jetter ses armes : la Fayette s’en empara et les gardes nationalles, qui n’avaient plus rien à craindre chasserent les gentils-hommes à coup de pieds et de crosse de fusils.

Je crois devoir me suivre, parceque cela me rappéllera beaucoup plus facilement, les différentes éxpéditions dont j’ai eu connaissance.

Je n’étais à Marseilles, qu’à une trentaine de lieues de Briançon, où mon régiment était en garnison, il n’y avait plus qu’un mois avant l’éxpiration de mon congé, mais certains préssentimens funéstes me faisaient dès lors présumer que je ne verrais plus mon pays, et quoiqu’il y eut plus de deux cent lieues, et qu’il m’en fallut faire autant pour revenir, je me déterminai à profiter de ce moment de calme, et à lui aller faire cette derniere visite.

Marseilles, avait eu une insurrection terrible, le peuple avait détruit les fortifications de la citadelle du coté de la ville, de sorte que ce n’était plus qu’une batterie du côté de la mer ; il s’y était commis des massacres qui font frémir, et qui égallaient prèsque ceux de Paris, mais alors le peuple était tranquille ; j’aurais bien voulu aller à Avignon, mais hélas le féroce Jourdan y regnait alors et remplissait les glacieres de cadavres, au nom de la liberté. Je me contentai de jetter un coup d’oeil, sur ce beau et malheureux pays, de la montagne de Beaucaire. Nismes, était à peine remis de ses derniers troubles, les ésprits étaient en perpétuelle transe, on n’osait presque parler, crainte que les