Page:Lautreamont - Chants de Maldoror.djvu/45

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— Tu ne veux donc pas te retirer, mauvais esprit ?

— Conserve cette épouse chérie, qui m’a consolé dans mes découragements…

— Puisque tu me refuses, je te ferai pleurer et grincer des dents comme un pendu.

— Et ce fils aimant, dont les chastes lèvres s’entr’ouvrent à peine aux baisers de l’aurore de vie.

— Mère, il m’étrangle… Père, secourez-moi… Je ne puis plus respirer… Votre bénédiction !

Un cri d’ironie immense s’est élevé dans les airs. Voyez comme les aigles, étourdis, tombent du haut des nuages, en roulant sur eux-mêmes, littéralement foudroyés par la colonne d’air.

— Son cœur ne bat plus… Et celle-ci est morte, en même temps que le fruit de ses entrailles, fruit que je ne reconnais plus, tant il est défiguré… Mon épouse ! Mon fils !… Je me rappelle un temps lointain où je fus époux et père.

Il s’était dit, devant le tableau qui s’offrit à ses yeux, qu’il ne supporterait pas cette injustice. S’il est efficace, le pouvoir que lui ont accordé les esprits infernaux, ou plutôt qu’il tire de lui-même, cet enfant, avant que la nuit s’écoule, ne devait plus être.


Celui qui ne sait pas pleurer (car, il a toujours