Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/291

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destiné périr vite. On me verra rarement aller à la cour d’Ortlieb.

Le roi fixa les yeux sur Hagene ; ce discours l’affligeait. Le noble prince ne répondit rien, mais ces paroles troublèrent son âme et assombrirent son humeur. Les intentions de Hagene ne s’accordaient pas avec ces divertisments.

Ce que Hagene avait dit de l’enfant, affligea tous les chefs, ainsi que le roi. Ils étaient mécontents de devoir le supporter. Ils ignoraient ce que devait faire bientôt ce guerrier.

Beaucoup de ceux qui l’entendirent étaient si irrités qu’ils auraient voulu l’attaquer à l’instant. Le roi lui-même l’eut fait, si son honneur le lui eût permis. Il était poussé à bout. Mais bientôt Hagene fit plus encore : il tua l’enfant sous ses yeux.

XXXII. COMMENT BLŒDE FUT TUÉ

Les hommes de Blœde étaient prêts. Ils s’avancèrent au nombre de mille, revêtus de hauberts, vers le lieu où Dancwart était à table avec les varlets. La plus grande animosité éclata entre les guerriers.

Quand le sire Blœde passa devant les tables, Dancwart, le maréchal, le reçut avec empressement : « Soyez le bienvenu ici, mon seigneur Blœde. Je m’étonne de ce qui se passe, et qu’allez vous m’apprendre. »

— « Il ne t’est point permis de me saluer, dit Blœde, car ma venue doit t’apporter la mort, à cause de ton frère, Hagene qui a tué Siegfrid. Il faut que les Hiunen t’en fassent porter la peine à toi et à maint autre guerrier. »