Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/292

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— « Oh ! non pas, seigneur Blœde, dit Dancwart, car ainsi nous pourrions bientôt nous repentir de notre voyage à cette cour. J’étais encore un petit enfant quand Siegfrid perdit la vie ; j’ignore ce que me reproche la femme du roi d’Etzel. »

— « Je ne puis t’en dire davantage à ce sujet, tes parents Gunther et Hagene commirent le crime ; maintenant défendez-vous, étrangers ; vous ne pouvez en réchapper. Il faut que votre mort serve de satisfaction à Kriemhilt. »

— « Ainsi vous ne voulez point renoncer à vos projets, dit Dancwart ? J’ai regret de mes excuses ; j’aurais mieux fait de me les épargner. » Le guerrier rapide d’un bond se leva de table. Il tira une épée acérée qui était forte et longue.

Et il asséna sur Blœde un coup si prompt de cette épée, qu’à l’instant sa tête vola à ses pieds. « Ce sera là la Morgengâbe, dit Dancwart le héros, pour la fiancée de Nuodunc, à qui tu voulais offrir ton amour.

« On peut la fiancer demain à un autre époux, et s’il veut avoir le don des fiançailles, on le traitera de la même façon. » Un Hiune qui leur était dévoué lui avait dit que la reine leur préparait de mortelles embûches.

Quand les fidèles de Blœde le virent étendu mort, ils ne voulurent point épargner plus long temps les étrangers. Avec une rage furieuse et l’épée levée, ils se jetèrent sur les serviteurs. Plus d’un s’en repentit bientôt.

Dancwart cria à haute voix à tous les gens de la suite : — « Vous voyez bien, nobles varlets, quel est le sort qui vous attend. Ainsi donc, étrangers que nous sommes, défendons-nous bien. Certes nous sommes en péril, quoique Kriemhilt nous ait invités si gracieusement. »