Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/41

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Je vous dirai qui était celui qui faisait ainsi la garde. Il portait à la main un brillant bouclier d’or : c’était le roi Liudgast, qui veillait sur ses bandes. Le très noble étranger bondit superbement.

Le chef Liudgast lui jeta aussi des regards furieux. Ils enlevèrent leurs chevaux, l’éperon dans le flanc. De toute leur force ils poussaient les lances sur les boucliers l’un de l’autre. Le roi puissant fut en ce moment saisi d’un grand trouble.

Après ce coup porté, les coursiers emportèrent les deux fils de roi, l’un passant devant l’autre comme si une tempête eût soufflé ; mais avec la bride ils les ramenèrent en bons chevaliers. Ils s’attaquèrent avec l’épée, ces deux hommes qu’animait la colère.

Alors le seigneur Siegfrid frappa si violemment, que toute la plaine en retentit. Des casques et des grandes épées jaillissaient les étincelles rouges de feu sous la main des héros. Chacun d’eux avait trouvé dans son adversaire son égal,

Car Liudgast frappait aussi sur son ennemi maints et maints coups furieux. Leur bras à tous deux tombait rudement sur le bouclier de l’adversaire. Trente de ses hommes s’étaient aperçus du combat, mais avant qu’ils arrivassent, Siegfrid avait remporté la victoire.

Par trois fortes blessures qu’il fit au roi à travers sa blanche cotte d’armes — elle était cependant bien bonne ! — le sang jaillit des blessures sous le tranchant de l’épée. Le courage du roi Liudgast en fut abattu.

Il pria son ennemi de lui laisser la vie, lui tendit la main et lui dit qu’il s’appelait Liudgast. En ce moment arrivèrent ses guerriers qui avaient bien vu ce qui était arrivé aux deux champions qui faisaient la garde.