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CHAPITRE IV

ANALYSE DES POÈMES[1]

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« L’art parfait, l’art qui prétend révéler l’homme tout entier, exigera toujours ces trois modes d’expression : geste, musique, poésie. »

Richard Wagner.



Nous n’en sommes plus, Dieu merci, et depuis longtemps, à l’époque où Wagner était discuté, avait besoin de défenseurs ; s’il lui reste encore quelques rares détracteurs, esprits chagrins ou paradoxaux, ils sont quantité négligeable, et pas gênants du tout.

Aussi me paraîtrait-il absolument déplacé, et je tiens à le dire au début de cette étude du style de Wagner, de lui distribuer des louanges dont il n’a cure, comme de réfuter les critiques qu’il a eu à subir, mais que personne ne s’avise plus de formuler. Ce n’est donc pas par tiédeur, je l’explique ici une fois pour toutes, que je m’interdis l’emploi d’épithètes laudatives qui resteraient toujours inférieures à mon admiration, mais dans un sentiment de profond respect, le même qui fait qu’on n’applaudit pas à Parsifal. Devant ce colossal génie, devant son œuvre gigantesque, on doit s’incliner le front découvert, mais rester muet, le silence étant en certains cas la plus haute et la plus éloquente forme de la vénération. Si Wagner

  1. Ceux qui voudront étudier à fond l’art dramatique si puissant de Wagner ne pourront consulter d’ouvrages plus sérieusement écrits et plus sincères que ceux de MM. Ernst, Kufferath et Stewart Chamberlain ; ce dernier n’est pas encore traduit en français.