Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/140

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bras pour combattre son ennemi. Sur la réponse affirmative d’Elsa, que ces paroles ont enfin tirée de sa contemplation muette et qui se jette à ses genoux pour lui exprimer une ardente reconnaissance, il la prie, lorsqu’il l’aura défendue victorieusement, de consentir à devenir son épouse ; si elle lui accorde ce bonheur, il implorera une grâce de plus : c’est qu’elle ne cherchera jamais à savoir, soit par persuasion, soit par surprise, ni quel est son nom ni d’où il vient. Il insiste solennellement sur cette clause importante, et, la jeune fille lui ayant fait la promesse formelle de ne jamais essayer de percer le mystère qui a entouré sa venue, de ne jamais lui demander son nom ni son origine, il la presse tendrement sur son cœur, aux yeux du roi et du peuple charmés.

Puis il confie à la garde du roi sa fiancée, dont il proclame hautement l’innocence, et appelle le comte de Telramund au combat dont Dieu sera le juge.

Frédéric laisse voir un trouble profond ; son entourage, convaincu maintenant de l’injustice de sa cause, l’engage à refuser le combat ; mais, craignant de passer pour un lâche s’il se dérobe, il répond par une provocation à la provocation de son adversaire. Le roi désigne alors trois témoins pour chacun des champions, que le héraut d’armes met bientôt en présence, après leur avoir rappelé les conditions de la lutte. Les deux chevaliers engagent le fer, et, après plusieurs passes habiles, l’inconnu étend Frédéric à terre à la merci de son épée ; d’un coup il le pourrait transpercer ; mais, jugeant l’épreuve assez convaincante ainsi, il lui fait grâce de la vie et, se tournant vers le souverain bienveillant, il reçoit de ses mains Elsa émue et radieuse. Tous partagent l’allégresse du vainqueur ; les chevaliers et les nobles envahissent le champ clos, et, tandis que Frédéric se traîne douloureu-