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sement sur le sol en pleurant son honneur perdu, tandis qu’Ortrude poursuit l’élu de Dieu de ses murmures haineux, la noblesse saxonne élève le vainqueur sur son propre bouclier ; de même les Brabançons, plaçant Elsa sur le bouclier du roi recouvert de leurs manteaux, portent en triomphe les deux fiancés hors de la scène, au milieu des chants de joie et des clameurs enthousiastes de tout le peuple émerveillé.

2me Acte.

Scène i. — Le théâtre représente la cour intérieure du burg d’Anvers. Au fond le Palas, ou demeure des chevaliers, dont les fenêtres sont vivement éclairées ; à droite, le parvis de l’église, et plus au fond la porte qui donne dans la ville ; à gauche, la Kemenate, ou demeure des femmes, à laquelle on accède par un escalier couronné d’une sorte de balcon.

Au lever du rideau, un couple sombrement et misérablement vêtu est assis sur les marches de l’église. Ce sont le chevalier de Telramund et son épouse. Frédéric se répand en imprécations contre sa compagne : que ne lui reste-t-il pas une arme pour la frapper et se débarrasser à jamais de son odieuse présence ! C’est elle qui l’a engagé dans ce combat et lui a fait perdre l’honneur ; elle qui, menteuse et calomniatrice, lui a affirmé avoir vu de loin, dans la forêt, Elsa accomplir son forfait ; elle encore qui, antérieurement, l’a engagé à renoncer à la main de la jeune fille pour briguer son alliance à elle, Ortrude, qui prétendait, comme dernier rejeton de la race des Ratbold, être bientôt appelée à régner sur le Brabant !

Ortrude répond à peine à ce flot de reproches et impute à Frédéric la honte de sa défaite ; que n’a-t-il su opposer une pareille rage à son adversaire ! il aurait bientôt vaincu