Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/185

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

homme, croyant avoir rêvé lorsqu’il a entendu les échos lointains de la bataille, se frotte les yeux et ne trouve plus qu’une ville endormie dans la superbe clarté de la lune qui vient de se lever.

3me  Acte.

Scène i. — Nous entrons maintenant dans l’atelier de Sachs. Au fond, la porte de la rue, dont le panneau supérieur est ouvert. À gauche, une fenêtre garnie de pots de fleurs et donnant sur la ruelle ; à droite, une porte ouvrant sur un cabinet.

Le cordonnier est assis dans un grand fauteuil près de la fenêtre, éclairé par les rayons d’un soleil matinal ; il est absorbé dans la lecture d’un gros in-folio qu’il tient sur ses genoux, et n’entend pas arriver son apprenti, qui, de la rue, avance la tête avec précaution et jette un regard dans la pièce, puis, se voyant inaperçu, entre sur la pointe des pieds et dépose doucement derrière l’établi un panier qu’il avait au bras. Il en examine avec curiosité le contenu et en tire successivement des fleurs, des rubans, puis un gâteau et un saucisson, qu’il se dispose à entamer, lorsque, au bruit que fait Sachs en tournant une feuille de son livre, il tressaute et cache vivement ses richesses. Puis, redoutant la colère de son maître à l’égard de sa pétulante conduite de la nuit dernière, il entame sa justification en un flot de paroles que Sachs, toujours à sa lecture, n’entend pas. David, pénétré de son sujet, continue à plaider sa propre cause avec une ardeur touchante et comique à la fois, jetant de temps à autre un regard expressif et inquiet sur ses provisions, pour lesquelles il tremble. Le bon poète ferme enfin son livre et, sortant peu à peu de sa rêverie, est tout étonné de voir à ses genoux David, que la frayeur a fait trébucher et qui le