Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/216

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qu’Hella[1] le prenne : il ne veut pas partager le sort des immortels, et, avant de mourir, il tuera sa fiancée, afin que nul être ne la touche vivante. — Il tire son épée et va transpercer Sieglinde toujours évanouie ; en vain Brünnhilde lui révèle-t-elle qu’en frappant sa compagne, c’est deux vies qu’il va trancher, car Sieglinde porte en elle un gage de son amour ; il veut quand même lui donner le coup fatal, lorsque la Walkyrie, touchée de compassion devant tant de fidélité, arrête son bras et, lui promettant son appui et son assistance pour l’heure du combat, lui donne rendez-vous sur le champ de bataille et s’éloigne avec Grane. Siegmund, transfiguré par le bonheur, la suit des yeux.

Scène v. — Il dépose doucement Sieglinde endormie sur un siège de pierre et s’élance dans la direction de l’ennemi, au milieu des lourdes nuées d’orage qui se forment et assombrissent tout le fond de la scène. Les fanfares guerrières de l’adversaire se rapprochent de plus en plus.

Sieglinde, dans son rêve, évoque ses souvenirs d’enfance : elle revoit l’incendie néfaste qui a consumé sa maison et dispersé les siens, puis elle est brusquement réveillée par l’éclat du tonnerre qui gronde de toutes parts ; on entend, venant des rochers de l’arrière-plan entourés de brouillards, les voix des deux combattants, Siegmund et Hunding, qui se provoquent mutuellement. Sieglinde veut s’élancer pour les séparer, elle est aveuglée par les éclairs et chancelle. On aperçoit alors Brünnhilde dans la nue au-dessus de Siegmund, qu’elle protège et encourage de la voix ; il va donner à Hunding le coup mortel, lorsque Wotan, apparaissant à son tour dans un

  1. Hella personnifie la mort vulgaire. À elle appartiennent ceux qui périssent loin des combats.