Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/218

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font entendre leur cri de guerre pour appeler leurs sœurs, qui, à l’exception de Brünnhilde, arrivent tour à tour, chevauchant dans les airs sur des nuées rapides et ayant, attachés à leurs selles, des cadavres de guerriers morts en héros et destinés au Walhalla. Les nouvelles venues, Helmwige, Siegrune, Grimgerde, et Rossweisse, font paître leurs chevaux, encore animés de l’ardeur de la lutte, et attendent la retardataire Brünnhilde, qui paraît bientôt, hors d’haleine, montée sur son beau coursier Grane et portant en croupe une femme vivante… Sieglinde.

Interrogée par ses sœurs, elle leur apprend qu’elle fuit la fureur de Wotan, auquel elle a osé désobéir et qui, courroucé, la poursuit ; elle les conjure de l’aider à sauver sa protégée ; mais les Walkyries ne veulent pas attirer sur elles la colère du dieu et refusent. Sieglinde, désespérée de survivre à celui qu’elle aimait, reproche à Brünnhilde de l’avoir dérobée à la mort et l’adjure de lui plonger son épée dans le cœur ; mais Brünnhilde lui révèle qu’elle porte un Wälsung en son sein, quelle doit vivre pour conserver les jours de ce fils qui naîtra bientôt, et qui sera un héros vaillant. Sieglinde, effrayée d’abord, puis saisie d’une joie immense, veut maintenant vivre à tout prix ; sur le conseil des Walkyries, et pour sauver son enfant, elle se réfugiera seule dans la forêt qui s’étend vers l’est et qui est habitée par Fafner, gardien jaloux du trésor funeste. Jamais Wotan ne porte par là ses pas ; elle sera donc en sûreté dans cette retraite.

Mais il faut se hâter, car l’orage précurseur de la venue de Wotan se rapproche de plus en plus ; des éclairs sillonnent la nue, et Waltraute signale bientôt l’arrivée du père des dieux.