Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Une après-midi entière n’est pas de trop pour se faire une idée du Musée Germanique, qu’on peut assimiler à notre Cluny, merveilleusement installé dans une ancienne Chartreuse et un couvent de moines augustins qui se trouvait à côté. Les innombrables richesses qu’il contient sont néanmoins à l’étroit dans ce cadre pittoresque, et des architectes de goût ont dû l’élargir par l’adjonction de bâtiments modernes dans le style des anciens. La chapelle de la Chartreuse et le cloître qui l’entoure sont réservés aux sculptures ; on y voit la célèbre Vierge de Nuremberg. Dans les salles du haut sont entassées de superbes collections d’armes, de faïences, d’ouvrages d’horlogerie, d’orfèvrerie, puis des instruments de précision, des manuscrits et des reliures précieuses, des étoffes, broderies et costumes anciens, des jouets dont la fabrication était si habile à Nuremberg, des meubles, des peintures, des vitraux, une belle salle d’instruments de musique, etc., etc.

Moins longue est la visite du Musée de Torture, que l’on voit dans la tour des Grenouilles, située à l’entrée du château, tout au nord de la ville ; là, une jeune et blonde conductrice vous détaille, le sourire aux lèvres, soit en allemand, soit dans un patois où l’anglais a la prétention de dominer, la façon de se servir des horribles et nombreux instruments de supplice dont la vue seule donne froid dans le dos aux gens qui aiment quelque peu le confortable. Ils s’alignent sous les portraits des instigateurs de toutes ces atrocités, des margraves à la physionomie calme et débonnaire. En passant par la chambre spéciale où se trouve la terrible Vierge de fer ou Vierge noire (qu’il ne faut pas confondre avec la suave et douce Vierge de Nuremberg du Musée Germanique), on arrive au sommet de la tour, d’où l’on a une vue superbe sur la Pegnitz, qui serpente comme un ruban d’argent dans la prairie fer-