Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/225

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il garde maintenant le trésor, » Mime, profondément intéressé par les réponses du Voyageur, lui demande encore : « Quels sont les habitants des cimes nébuleuses ? — Ce sont les Alfes de lumière qui habitent le Walhalla, et leur chef, Wotan, a conquis l’univers grâce à sa lance, sur laquelle sont gravés les pactes divins. »

En achevant ces mots, l’inconnu frappe le sol de son bâton, un roulement de tonnerre se fait entendre, arrachant Mime à sa rêverie. Le nain, satisfait des réponses qui lui ont été faites, veut maintenant éloigner le Voyageur, dans lequel il a enfin reconnu le père des dieux ; mais celui-ci le questionne à son tour, prenant sa tête en gage s’il ne répond pas à ses interrogations : « Quelle race est persécutée par Wotan, malgré l’amour qu’il a pour elle ? — Les Wälsungs, répond Mime, qui en trace rapidement l’historique. — Quelle épée pourra, suivant les ténébreuses menées d’un Nibelung avisé, tuer Fafner par l’entremise de Siegfried et rendre le nain maître de l’anneau ? — Nothung ! s’écrie Mime entraîné par l’intérêt que lui inspire la question. — Enfin, quel est l’habile forgeron qui saura ressouder les merveilleux débris du glaive ? » À ces mots Mime tressaute d’effroi ; cette demande réveille toutes ses angoisses, et le Voyageur, riant de son émoi, lui apprend que seul celui qui ne connaîtra pas la peur pourra triompher du problème. Le nain n’a pas su répondre à cette dernière interrogation : sa vie appartient donc à l’étranger, qui s’éloigne dans la forêt en léguant la tête du gnome à « celui qui n’a jamais appris la crainte ».

Scène iii. — Se retrouvant seul, Mime s’affaisse derrière lenclume ; cette peur, qu’il faudrait ne jamais avoir ressentie pour pouvoir marteler victorieusement l’acier, elle l’envahit tout entier ; déjà, dans son affolement, il croit voir s’approcher le dragon, le terrible Fafner ; il